André Faivre s’est éteint lundi 30 novembre 2020, dans sa 97e année, à l’Ehpad de Mervans où il résidait depuis quelques mois.
Vétéran du Parti Communiste Français, André Faivre a été de toutes les batailles politiques durant près de soixante-dix ans.
Militant actif, secrétaire fédéral intransigeant, il a été de ceux ayant animé l’union de la gauche en Saône-et-Loire dans les années 70-80, lui-même élu au conseil général durant 28 ans, il a été un élu respecté non seulement pas ses collègues, mais aussi par ses adversaires à Mâcon, à Dijon, à la communauté urbaine, mais aussi à Montceau, ville dans laquelle il est tout d’abord conseiller municipal en 1977, puis adjoint de Didier Mathus de 1995 à 2001.
Sa première carte du PCF recto
UN NOCTAMBULE TRAVAILLEUR
« André Faivre, c’est un personnage qui étudie ses dossiers la nuit et prépare ses interventions dans la foulée » confiait avec un brin d’humour, le socialiste, Maurice Mathus, lui-même conseiller général. Ces deux figures de la gauche départementale, se sont croisés, l’un natif du bassin minier a fait une carrière politique dans le Chalonnais et en Bresse alors que l’autre natif de Bresse s’est fait élire en 1973 dans le canton composé des communes de Saint-Vallier et de Montceau-les-Mines
Pierre Joxe, lui-même relevait à propos d’André Faivre : « Un homme de la terre, formé à la grande époque par le Parti Communiste Français (dans les années 50) qui connaît bien ses dossiers »… Des propos renchéris non seulement par les différents responsables politiques, mais aussi par celles et ceux, nombreux ayant sollicité l’élu lorsqu’il résidait dans un immeuble au Vernois dans ce quartier populaire de Montceau-les-Mines.
DANS LE SILLAGE DE RÉMI BOUTAVANT ET DE WALDECK ROCHET
André Faivre avait ses racines terriennes, natif du canton de Cuisery, il s’engagea en 1943 au sein du P.C.F. Tout d’abord, secrétaire de la cellule de Loisy, il grimpe très vite au sein de la hiérarchie de la fédération communiste de Saône-et-Loire, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Tout d’abord membre du secrétariat fédéral, il est ensuite le premier secrétaire d’une fédération dont l’un des animateurs n’est autre que Rémi Boutavant, un temps député…Une fédération fidèle à l’enfant de Sainte-Croix en Bresse, Waldeck Rochet, mais aussi à un autre dirigeant national né lui à Bantanges, Gaston Plissonnier.
À CHALON POUR CONDUIRE DES BATAILLES ET ANIMER LE P.C.F
Permanent du P.C.F, André Faivre sillonne le département, anime des formations, mais aussi des réunions publiques, candidat une première fois dans le canton de Cuisery, en 1955 il le sera à de multiples reprises, pour les cantonales et les législatives, mais aussi pour les municipales à trois reprises à Chalon : en 1959 aux côtés de Victor Ponsot puis en 1965 et 1971, alors que face au maire « social-démocrate » Georges Nouelle les relations sont tendues pour ne pas dire exécrables depuis la Seconde Guerre mondiale, elles s’apaisent avec l’arrivée de Roger Lagrange. Ce dernier à la tête de la S.F.I.O (ancêtre du P.S) départementale, n’a pas été en conflit avec les communistes durant et à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
André Faivre anime et préside l’amicale des locataires (C.N.L) aux Aubépins tout comme il préside l’amicale des parents d’élèves de ce quartier dans lequel il habite jusqu’en 1973
À MONTCEAU POUR FAIRE GAGNER LE P.C.F DANS LE BASSIN MINIER
Lorsqu’en 1972, André Faivre s’oriente sur Montceau, le challenge est double, tout d’abord il s’agit de conforter une présence militante déjà forte sur la ville et dans les environs. La ville de Saint-Vallier est déjà « une place forte pour ne pas dire un bastion communiste »…
À Montceau, les divisions de 1965 perdurent chez les socialistes, la greffe du jeune parachuté socialiste, Daniel Malingre n’a pas prise au sein du PS montcellien toujours orphelin du
Docteur Fernand Mazué ! Le temps est à l’union de la gauche, même si bon nombre de plaies ont toutefois des difficultés à se cicatriser
André Faivre est élu conseiller général, en 1973, à Mâcon, il retrouve de nouveaux élus dont Pierre Joxe (élu alors de Chalon Périphérie, les élus bressans Robert Petit, Yves Uny), il siège aux côtés de son camarade François Chapuis. Le groupe communiste au conseil général s’étoffera en 1979 avec l’arrivée de Louis Cantat élu à Digoin, puis celle d’André Juillard, à Saint-Martin-en-Bresse en 1982. Tête de liste aux municipales de mars 1977, André Faivre est élu au 2émle tour, conseiller municipal avec le socialiste Henri Moissenet. Il affronte alors André Jarrot et son successeur le Docteur Michel Thomas au sein de l’assemblée municipale. Les personnages se connaissent de longue date, M.Faivre ayant été à plusieurs reprises le candidat du P.C.F dans la circonscription détenue par le gaulliste Compagnon de la Libération.
Régulièrement ré-élu conseiller général, il lui faudra attendre 1995 et l’élection du député socialiste Didier Mathus pour siéger en qualité d’adjoint. Entre temps, M. Faivre aura été conseiller communautaire, conseiller régional, vice-président du conseil régional….
DE RETOUR EN BRESSE …
En 2001, André Faivre ne se représente pas aux municipales et il transmet le mandat de conseiller général à Alain Philibert, Maire de Saint-Vallier.
M.Faivre milite en 2005 pour le non à la constitution européenne, dans le même temps il anime le groupe bressan ATTAC, un comité de défense des valeurs républicaines fondé après la présidentielle de 2002. Il continue d’animer des réunions publiques sous l’égide de ce collectif, il est le maître des cérémonies en mémoire du 100e anniversaire de la naissance de Waldeck Rochet, lors d’une importante rencontre regroupant pas moins de 500 personnes à Branges en 2005…
Habitant Mervans, il est jusqu’à dernièrement de toutes les manifestations pour la défense des retraités, pour la laïcité, contre l’extrême droite, pour la défense des services publics à Louhans et Chalon.
UN PERSONNAGE PUDIQUE, VOIRE RÉSERVÉ
Comme tout homme, André Faivre emporte avec lui quelques secrets notamment ceux liés au fonctionnement et rapports humains avec l’un de ces prédécesseurs à la tête du P.C.F au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, René Moreau
Ce dernier a été dans les années 80-90, Maire de Jours-en-Vaux, dans le secteur de Nolay.
Pudique voir parfois réservé, André Faivre a rencontré Auguste Lecoeur (1), qui résida près de Pierre-de-Bresse, la rencontre de ces personnages était-elles voulue par la place du Colonel Fabien ou étaient-elles, plus intimes entre deux bressans ? Enfin autre silence à propos des quelques militants et élus communistes ayant opté comme engagement et initié la Franc-Maçonnerie… André Faivre s’était montré surpris lors des obsèques en 2004 de l’un de ses camarades du P.C.F, Gérard Pretesacque, un temps élu municipal de Beaune et le vénérable de la loge du Grand Orient de France dans cette ville.
Ayant consacré presque toute sa vie aux idées du communisme, M.Faivre, épris de laïcité entretenait des liens étroits avec certains catholiques et protestants très engagés !
(1) Numéro 2 du P.C.F en 1950, exclu du P.C.F, il résida à Lays sur le Doubs, près de Pierre de Bresse.
BIO EXPRESS
Né le 4 juillet 1923 à Bantanges (Saône-et-Loire) ; maçon ; militant communiste, secrétaire de la fédération PCF de Saône-et-Loire (1950-1975), membre du comité central du PCF (1961-1971) ; conseiller général (1973-2001), conseiller municipal (1977-1995) puis adjoint au maire (1995-2001) de Montceau-les-Mines – Conseiller communautaire dès 1977 – Conseiller régional 1977 à 1983- Rédacteur de « La voix de Saône-et-Loire » organe du P.C.F. Père de 2 enfants.
DISTINCTIONS :
- Chevalier de l’ordre national du mérite
- Médaille des collectivités locales
- Titulaire des palmes académiques.
PUBLICATIONS :
- « Des Combats-Continuions » témoignage personnel publié et édité en 2011.
- « Un été pas tout à fait comme les autres » note d’un élu de Saône et Loire… 50 Pages – Publié en 1991.
Première réaction
RÉACTION DE DENIS LAMARD : CONSEILLER RÉGIONAL
J’apprends le décès de Monsieur André Faivre, ancien Vice-Président de la région Bourgogne et Conseiller départemental de Saône-et-Loire. Figure du Parti Communiste Bressan c’était un militant acharné de la justice sociale et la lutte contre le racisme.
Il fallait le voir du haut de son grand âge à la tête des manifestations de jeunesse contre l’extrême droite, récemment encore dans les mobilisations contre les lois de casse sociale du droit du travail ! Un sacré bonhomme !
90 ans bien passés (il est né en 1923) et il m’appelait encore pour me dire « faut faire quelque chose tu ne vas pas laisser élire ce Macron ! »
Présent à chacun de nos rassemblements, au premier rang de chaque fête de Frangy en Bresse.
Photos fournies par Daniel Faivre, son fils, merci à lui