Le président de la République va jouer les équilibristes. Le 5 mai, Emmanuel Macron va commémorer, via un discours, le 200e anniversaire de la mort de Napoléon. Le chef de l’État souhaite « regarder en face » l’héritage laissé par l’Empereur, à la fois figure admirée et controversée de l’histoire de France, surtout dans une période où les figures historiques sont déboulonnées. « Commémorer n’est pas célébrer », affirme l’Élysée, soucieux de déminer la polémique sur le bien-fondé de ce choix alors que Napoléon est critiqué notamment pour avoir rétabli l’esclavage à Saint-Domingue et en Guadeloupe.

Emmanuel Macron se rendra dans l’après-midi à l’Institut de France pour y participer à une cérémonie avec des académiciens et des lycéens. Il s’exprimera après un exposé de l’historien Jean Tulard, l’un des meilleurs experts de Napoléon en France. Suivra une séquence plus solennelle avec le dépôt d’une gerbe de fleurs au pied du tombeau de l’Empereur, sous le dôme des Invalides, où Emmanuel Macron sera entouré de la ministre des Armées Florence Parly, du chef d’état-major des Armées François Lecointre et de Jean-Christophe Napoléon Bonaparte, membre de l’illustre famille.

En marquant cet anniversaire, Emmanuel Macron « ne se dérobe pas », souligne l’Élysée, alors que ses prédécesseurs s’étaient montrés prudents sur le dossier Napoléon. Jacques Chirac n’avait ainsi pas participé à la célébration du bicentenaire de la victoire d’Austerlitz en 2005. Mais, insiste la présidence, Emmanuel Macron va tenter de « regarder en face » cet « être complexe » qu’était Napoléon, sans exprimer de « jugement rétrospectif dix générations plus tard » et en n’étant « ni dans l’hagiographie, ni dans le déni, ni dans la repentance ». Évoquer le « meilleur de l’Empereur » sans oublier « le pire de l’empire », explique un conseiller du président. « Il ne faut pas faire porter à l’histoire le poids de nos débats contemporains », ajoute-t-il en refusant « une lecture anachronique ».

Mort le 5 mai 1821 en exil sur l’île britannique de Sainte-Hélène, Napoléon reste une figure extrêmement controversée pour son action durant la quinzaine d’années où il a exercé le pouvoir, entre 1799 et 1815. La ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, l’a ainsi récemment critiqué pour avoir été un « grand misogyne » et avoir « rétabli l’esclavage » en 1802 alors qu’il avait été aboli en 1794, cinq ans après la Révolution.

Emmanuel Macron va affirmer que ce rétablissement a été « une abomination », indique l’Élysée en précisant qu’il s’exprimera de nouveau sur le sujet le 10 mai, pour le 20e anniversaire de la loi Taubira reconnaissant « la traite négrière et l’esclavage ». « Ignorer le bicentenaire de la mort de Napoléon serait une faute contre la nation », a ainsi affirmé le député LR Julien Aubert, qui se revendique de « la droite bonapartiste ».

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