La Bobine fait son détour asiatique
Pour la 8 édition de ce mini festival autour du cinéma asiatique, l’association de cinéma la Bobine donne, pour la deuxième fois, carte blanche à Bastian Meiresonne. Ce jeune journaliste, né en Allemagne, mais vivant en France depuis ses 12 ans, est aussi écrivain et réalisateur. C’est un spécialiste du cinéma asiatique. Bastian séduit le public non seulement par son approche approfondie et sensible des films présentés, mais aussi par sa connaissance des réalisateurs, des acteurs, des pays et des cultures de cette Asie qui lui est très cher.
Un public d’une centaine de spectateurs en moyenne, dont trois quarts des fidèles de la Bobine a pu apprécié pendant 3 jours, 5 films. La sélection comprend 3 films japonais dont un d’animations Après la tempête, Harmonium et Your Name, 1 film chinois Trap Street et pour finir un film philippin Ma’Rosa. Vendredi entre deux films une petite collation asiatique est offerte aux spectateurs. (Voir bande annonces en fin d’article)
La thématique ce mini festival est l’empire des (5) sens. En effet pour Bastian, chacun film relève d’au moins un sens. C’est aussi un clin d’œil au cinéma qui fait appel à tous nos sens voire même à un sixième sens qui nous permet de deviner la suite du scénario.
Les 5 films proposés sont d’auteur, artistique et à petit budget. Ils permettent de réfléchir, d’ouvrir un débat avec la salle, ce qui fut le cas lors de ses 5 séances. Les films asiatiques de ce genre s’intéressent aux problèmes sociaux et sociétaux.
Par exemple Trap Street met en évidence la surveillance permanente, et maintenant plus numérique, plus vidéosurveillance et plus discrète, des Chinois et la pression voire la répression qui peut en découler. Il a été tourné en Chine, par la Chinoise Vivian Qu, mais jamais diffusé dans le pays et pour cause. Pour pouvoir tourner, elle a fait croire qu’elle tournait un film romantique, d’où les scènes amoureuses dans le film. Un film divinement paranoïaque, mais allez donc savoir…!
Les films japonais et chinois sont des films grands publics et conçues pour faire de l’argent voire beaucoup d’argent. Mais attention aux clichés. En Chine, les films de Kung Fu et d’arts martiaux ne représentent que 1 % de la production. Les jeunes asiatiques vont voir des comédies, des films de rire, d’horreur, mais aussi romantique, d’amour. C’est ainsi, alors, le moment propice, dans une salle obscure, de pouvoir prendre la main de sa (ou de son) bien-aimée.
Le festival propose donc 3 films japonais. Parmi eux, un film d’animation Your Name.
Au Japon, pays des Mangas, ce type de production a toute sa place, fait intégralement partie de l’espace cinématographique et a bien sûr ses propres codes loin des films de Walt Disney ou des productions Pixar.
50 films asiatiques sortent en France chaque année dont une majorité de films japonais. C’est donc une occasion d’en découvrir 5 pendant ces 3 jours (du 16 au 18 mars) à Chalon.
L’Asie est un fort producteur de long-métrage ainsi, 900 films (1200 d’ici 2 ou 3 ans) sont tournés en Chine, 600 au Japon, 400 au Pays du Cinéma, d’Hollywood et 220 en France.
+ Chalon TV : Pour les Mangas, voir le reportage sur Caro-Lyn, madame Manga – St Rémy (71)
Bastian Meiresonne, spécialiste du cinéma asiatique, lors de son interview exclusive pour ChalonTVBastian Meiresonne est né, en 1975, en Allemagne de parents belges. Il est journaliste, écrivain et réalisateur. Il suit des études cinématographiques à Paris avant de se spécialiser dans le cinéma asiatique. Il est l’un des auteurs du dictionnaire du cinéma asiatique et du cinéma japonnais contemporain. Il écrit également dans la presse et intervient dans plusieurs festivals de cinéma internationaux comme celui de Vesoul. Il collabore avec différentes sociétés de production et de distribution. il est à l’origine des premières rétrospectives mondiales dédiées au cinéma cambodgien et laotien, indonésien. Il a réalisé Garuda Power – L’esprit du cinéma d’action indonésien, sélectionné dans plus d’une quarantaine de festivals internationaux, et tourne un film dédié aux westerns thaïlandais. Il prépare activement son premier long-métrage de fiction d’après une idée originale du réalisateur Sono Sion.
Shohei imamura : Evaporation d’une réalité – janvier 2011 – 148 pages – Editions L’Harmattan
Imamura est un corrupteur – à la fois séducteur et homme déplaisant. Poil à gratter du cinéma nippon, il a cherché à représenter la quintessence de son pays. Quitte à bousculer les codes de la bonne conduite et les apparences trompeuses. Imanura s’intéresse au tréfonds de l’âme humaine. Tout au long de sa filmographie, il s’est évertué à voir au-delà du masque forgé par la société pour révéler les instincts bassement humains. Cette volonté transparaît clairement dans sa manière de réaliser.
Après la tempête
de Hirokazu Kore-eda – Japon – 2017 – 1 h 58 – avec Hiroshi Abe, Kirin Kiki
Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu’à ne plus pouvoir payer la pension alimentaire de son fils de 1 1 ans. Alors qu’il tente de regagner la confiance des siens, un typhon contraint toute la famille à passer une nuit ensemble…
Trap Street
de Vivian Qu – Chine – 2014 – lh33- avec Lu Yulai, He Wenchao, HonYong, Xiang Qun
A Nanjing, Li Quiming est apprenti au sein d’une société de cartographie numérique. Son travail consiste à inspecter les rues de la ville en perpétuel changement et de mettre à jour les plans. Un jour, il rencontre une superbe jeune femme qui disparaît dans une rue isolée. C’est alors qu’il découvre que cette rue a disparu de la carte comme si elle n’avait jamais existé. Sa découverte changera le cours de sa vie à jamais.
Harmonium
de Koji Fukada – Japon – 1 h58 – 2016 – avec Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Kanji Furutachi Prix du jury, Un certain regard, Cannes 2016
Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après dix ans de prison. A la surprise d’Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l’harmonium à la fillette, et se rapproche d’Akié. Un film surprenant à la beauté clinique et un scénario passionnant qui réserve de nombreuses surprises.
Your Name
de Makoto Shinkai – Japon – 2016 – 1h45 Meilleur film d’animation, Stiges 2016
Mitsuha, adolescente coincée dans une famille traditionnelle, rêve de quitter ses montagnes natales pour découvrir la vie trépidante de Tokyo. Sa rencontre avec Taki, un jeune lycéen vivant dans cette ville va bousculer sa vie. Une étrange relation s’installe entre eux. Quel mystère se cache derrière les rêves étranges qui unissent deux destinées que tout oppose ?
Ma’Rosa
de Brillante Mendoza – Philippines – 2016 – 1h50 – avec Jaclyn José, Julio Diaz, Felix Roco, Andi Eigenmann. Prix d’interprétation féminine à Jaclyn José, Cannes 2016
Rosa, mère de quatre enfants, possède une petite épicerie dans un bidonville de Manille. Pour joindre les deux bouts, elle et son mari Nestor vendent de la drogue, jusqu’au jour où ils sont arrêtés par la police. Leurs enfants vont devoir vendre le peu qu’ils ont pour racheter la liberté de leurs parents. Un cri contre la corruption qui désoriente le spectateur tant les positions de chaque personnage sont ambiguës.
Sources des textes : fiches Bobine et Interview de Bastian Meiresonne