Après une campagne des législatives relativement atone, la Nupes et Ensemble (Renaissance, Modem, Horizons et Agir) croiseront le fer dans des centaines de circonscriptions. Certaines figures nationales ont été, elles, sèchement battues comme Jean-Michel Blanquer et Éric Zemmour. Il n’y a pas eu de sursaut citoyen pour le « troisième tour » de la présidentielle. L’abstention finale au premier tour des élections législatives doit atteindre 52,8%, selon l’estimation réalisée par Elabe. C’est 1,5 point de plus que lors du précédent scrutin, organisé en 2017 dans la foulée de l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée.
Les 10 et 24 avril dernier, les électeurs s’étaient largement plus mobilisés pour le premier et le second tour de l’élection présidentielle. Le taux d’abstention s’élevait alors à 26,31% le 10 avril et 28,01% deux semaines plus tard – un niveau cependant historique pour une présidentielle. C’est également 10 points de plus que lors des législatives en 2012. L’union de la gauche qui réunit les écologistes, les communistes et les socialistes sous l’égide de la France insoumise récolte 25,59% des voix, talonnée par la coalition présidentielle d’après l’estimation Elabe. Si les projections sont à prendre avec précaution, l’hypothèse de Jean-Luc Mélenchon à Matignon a cependant du plomb dans l’aile. La Nupes obtiendrait entre 160 et 210 députés le soir du second tour, loin des 289 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue.
L’inquiétude montait ces derniers jours sur les bancs de la macronie alors que l’exécutif a enchaîné les mauvaises séquences entre les accusations d’agressions sexuelles qui visent Damien Abad et le fiasco du Stade de France qui ont mis en grande difficulté Gérald Darmanin. Avec 25,75% des voix au premier selon notre estimation, Emmanuel Macron n’est pas assuré d’obtenir la majorité absolue – 289 députés – puisqu’Elabe projette 260 à 295 sièges dimanche soir prochain pour Ensemble. Ce serait une très mauvaise nouvelle pour le président, nécessitant un accord loi par loi, probablement avec les Républicains. Si la droite pourrait être d’accord sur l’allongement de l’âge de départ à la retraite, d’autres projets de loi semblent moins crédibles comme le versement des prestations sociales à la source.
Après n’avoir obtenu que 8 députés aux législatives en 2017, Marine Le Pen peut se réjouir. Son parti a obtenu 18,8% au premier tour et pourrait obtenir entre 25 et 35 élus dans l’hémicycle d’après nos estimations. Ce score ouvre la porte à la création d’un groupe à l’Assemblée nationale qui permettra au RN d’avoir un temps de parole plus conséquent tout comme une enveloppe pour payer des collaborateurs supplémentaires. Les députés RN siégeaient jusqu’ici parmi les non-inscrits.
Après sa sèche défaite au premier tour de la présidentielle (7%), Éric Zemmour jouait sa survie politique aux législatives. Le patron de Reconquête a pourtant été éliminé dès le premier tour dans la 4e circonscription du Var (22,8%), où il est arrivé derrière la députée sortante Renaissance et le candidat RN. L’heure est au soulagement pour les Républicains après le chemin de croix de Valérie Pécresse qui n’a récolté que 4,7% des voix le 10 avril dernier. La droite fait cette fois-ci 11,4% au premier tour, offrant la possibilité d’obtenir entre 50 et 65 députés le 19 juin prochain. Ces chiffres sont certes très loin de ceux de l’actuelle mandature avec 101 députés mais devraient permettre aux LR de continuer à peser raisonnablement dans l’hémicycle. En cas d’absence de majorité absolue pour Renaissance, les LR pourraient d’ailleurs servir de force d’appoint pour voter certaines lois.
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