Climat cyclonique au CS de l’Hôpital

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Ce lundi 15 octobre 14h, le Conseil de Surveillance (CS) de l’Hôpital se réunit sous la présidence de Gilles Platret, maire de Chalon et en présence naturelle de Christine Ungerer, directrice de l’Hôpital et de Jean-Luc DAVIGO, Directeur de l’organisation des soins à l’ARS, (Agence Régionale de Santé).

A côté de Gilles Platret, Christine Ungerer directrice de l’Hôpital

C’est ce moment idéal que les syndicats CGT et FO ont choisi pour se mettre en grève pour déplorer leurs conditions de travail et le plan santé du gouvernement, qui selon eux, n’est pas à la hauteur des enjeux de santé (Absence de la CFDT, minoritaire dans le CH). Après avoir écouté dans le hall de l’hôpital les représentants syndicaux, une grande partie des 600 présents, venant de l’hôpital et des EHPAD publics (dont l’EHPAD « Terre de Diane ») mais aussi des usagers, « envahissent », sous la haute bienveillance de Gilles Platret, le Comité de surveillance réuni au niveau -1.

La première revendication des syndicats est que Pierre Pribile, directeur général de l’ARS, soit présent pour répondre à leurs interrogations. Le Maire renchérit : « Cela fait un an qu’on l’attend, s’il ne vient pas, cela risque de mal se passer ».

Ceci étant dit, sans suite bien sûr, les représentants syndicaux lisent leur déclaration à plusieurs voix. Ils rappellent que la prise en charge et le soin du patient doivent rester la priorité. La politique d’austérité financière du gouvernement touche de plein fouet l’hôpital public. Toutes ces mesures ont un retentissement dévastateur sur leurs conditions de travail [suppression de 3 RTT par an, heures supplémentaires non payées, sous-effectif, pause-déjeuner écourtée, condition très difficile dans les EHPAD face à des patients qui demandent beaucoup d’attention].

Ils déplorent la profonde détérioration du dialogue social, d’être mis sur le fait accompli, d’un profond mépris à notre égard. Ils réaffirment qu’ils continueront de se battre et demandent à M. Pribile de venir éteindre l’incendie qu’il a lui-même allumé par ses directives. Ils posent ensuite 4 questions auxquelles ils somment la direction et l’ARS de répondre :

  • Préparez-vous l’arrivée du privé dans le GHT Nord 71 [Groupement hospitalier de territoires]*.
  • Quelles sont les mesures proposées par l’ARS dans le cadre du plan d’économie
  • Impact en ETP [Équivalent Temps Plein, traduire postes NDLR] de ce plan d’économie
  • Quid des nouvelles mesures d’économies avec le nouveau plan santé.
Au micro, Hervé Maillot, coordinateur régional Santé, Action sociale Bourgogne (membre du personnel du CH Chalon) et derrière l’ordinateur Alain Chalot, CGT, membre du CS

La suite de ce CS est un dialogue très tendu de sourds… D’un côté des patriciens hospitaliers et d’EHPAD qui crient leurs colères, leur ras-le-bol de leurs conditions de travail, leurs souffrances et celles des patients et d’un autre côté une directrice qui parle de restructuration, d’économies [certes nécessaires mais à quel prix !] et d’un directeur adjoint de l’ARS, très mal à l’aise, qui répond dans un flou artistique. Une gréviste dit qu’elle ne comprend rien dans les réponses de l’ARS, que nous sommes dans le village des bisounours, que l’ARS nous endort…

Jean-Luc DAVIGO, Directeur de l’organisation des soins à l’ARS, (Agence Régionale de Santé).

De nombreux salariés prennent la parole dont un usager – CGT…. Alain Mazuir, très démonstratif et plein d’humour.

Alain Mazuir, usager – CGT

Le dossier de l’angioplastie, qui a été très présent et très mobilisateur depuis plusieurs mois, plane dans le débat. Pour que l’angioplastie soit enfin installée à Chalon, comme c’était prévu et nécessaire, il faut que Dijon, Mâcon [qui ne veulent pas de cette installation – voir nos articles précédents] et Chalon collaborent. Le DR Jean-Luc Philipp, cardiologue, descendu au CS entre deux visites, affirme que Dijon et Mâcon disent publiquement qu’ils ne veulent pas de l’installation de l’angio à Chalon. La collaboration entre les 3 hôpitaux est bien mal parti pour ne pas dire finie. L’angio n’est pas prête dans ces conditions de voir le jour à Chalon. Le Maire de Chalon rappelle « nous sommes sortie de cette crise de l’angioplastie en voulant croire à la bonne volonté de l’Hôpital de Mâcon et du CHU de Dijon. On nous a laissé un tout petit filet de lumière que cela pouvait passer [l’installation de l’angio à Chalon NDLR]. Mais si jamais ON nous a trompés, cela ne se passera forcément pas bien du tout… Les cardios de Chalon ont été exemplaires… ». Le Docteur Arnaud Dellinger, meneur de cette « lutte », a dû apprécier le compliment.

DR Jean-Luc Philipp, cardiologue

Christine Ungerer défend, souvent en vain, les projets, parfois difficiles, mis en place ou qui vont l’être : « “Notre projet est ambitieux, nous sommes l’établissement de référence. C’est à nous de trouver des solutions pour l’ensemble des services et unités. C’est un défi difficile, notre démarche principale c’est de remplir les missions de références et de haute technicité” Elle rappelle que “notre objectif, c’est l’équilibre financier” (NDLR : un déficit de 5.5 millions d’euros). Répondant aux interpellations “Vous ne parlez que de chiffres, elle répond son attachement aux besoins des résidents des EHPAD mais aussi des personnes hospitalisées.

Christine Ungerer, directrice de l’Hôpital

Après le départ des grévistes, plus de deux heures après leur entrée, le CS continue normalement son cours…

Reportage vidéo avec l’interview d’Hervé Maillot

Peu de médecins sont présents à ce CS parmi les grévistes. Mais dans une lettre signée par 120 d’entre eux, ils rappellent que :  » Nous signataires, médecins du Centre Hospitaliser William Morey, souhaitons interpeller les instances de l’hôpital quant aux choix politiques et managériaux décidés pour notre établissement.
Notre mission et notre finalité en tant que médecins et soignants sont de proposer des soins adaptés, de qualité tout en garantissant la plus grande sécurité au patient.
Nous avons conscience que notre devoir institutionnel est d’essayer autant que possible d’être efficients, d’améliorer et d’optimiser les durées de séjour de nos patients afin de garantir des recettes suffisantes à notre établissement pour permettre sa pérennité [pour nous, mais aussi pour les usagers et la survie de l’hôpital public].
Mais des soins efficaces et de qualité nécessitent obligatoirement de garder, voire de renforcer la vraie force vive de notre établissement : le personnel soignant, au chevet du patient, et les équipes qui permettent aux soins d’être prodigués. Sans soignant, point de soins et point de recette !
Dilapider ce capital humain indispensable [raison d’être d’un établissement de santé] est donc un choix dangereux !  » suite de la lettre

  • Le GHT Saône-et-Loire Bresse Morvan (GHT Nord 71) s’étend du CH d’Autun à celui de Louhans avec parmi ses membres les CH de Chalon-sur-Saône et Montceau-les-Mines, Toulon-sur-Arroux, La Guiche, Chagny et le CHS de Sevrey.

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