En se lançant à l’assaut de la mairie de Barcelone et en abandonnant son ultime mandat de député, Manuel Valls tourne (définitivement?) la page d’une carrière politique française mouvementée. Le futur ex-député de l’Essonne, parti d’Evry pour se hisser jusqu’au ministère de l’Intérieur puis à Matignon, avait pourtant, malgré sa défaite cinglante à la primaire socialiste, réussi à échapper à la vague « dégagiste » de 2017 qui a emporté nombre de dirigeants politiques de premier plan.
Réélu de justesse dans sa circonscription aux dernières législatives, Manuel Valls s’était fait adouber par le groupe de La République En Marche à l’Assemblée sans toutefois jamais véritablement y trouver sa place. C’est donc de l’autre côté des Pyrénées que cet hidalgo, passé de chouchou des sondages au statut de grand brûlé, a demandé l’asile politique pour tenter de se réinventer.
Le lieu de ce transfert, inédit dans l’histoire de l’Union européenne, n’a certes rien d’un hasard. « Depuis ma naissance (…) ma relation avec Barcelone a été intime, constante », a confié l’ancien premier ministre depuis le Centre de culture contemporaine de la deuxième ville d’Espagne où il est né il y a 56 ans. Elevé à Paris par un père artiste catalan et une mère italo-suisse, cet enfant terrible de la gauche, admiré autant que méprisé pour sa laïcité intransigeante et son goût pour les questions sécuritaires, a exprimé sa reconnaissance envers sa patrie d’accueil. « J’aime la France. Ce pays a permis à un fils de Barcelone naturalisé seulement à 20 ans d’être maire, député, ministre et premier ministre de la France grâce à l’école publique et à mon engagement politique, c’est incroyable et unique », a-t-il déclaré en guise d’adieux.
Des mots qui n’effacent pas les déchirements et les rancoeurs qu’il laisse dans son sillage. « C’est grâce à la France qu’il a pu vivre de la politique jusqu’à présent. Il a trahi son pays et maintenant il trahit sa patrie tout simplement », lui a répondu son adversaire de la France Insoumise Farida Amrani.