Dans l’espoir d’éviter un nouveau chaos, Édouard Philippe a annoncé un moratoire sur la taxe carbone et le gel des prix de l’électricité et du gaz.
«Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation.» Dès les premiers mots de son intervention, mardi à la mi-journée, Édouard Philippe a donné le ton des annonces qu’il s’apprêtait à formuler. Dans une allocution télévisée prononcée en direct de Matignon, le premier ministre a confirmé le recul de l’exécutif face aux revendications des «gilets jaunes». Suspension pour six mois de la hausse de la taxe sur les carburants, gel des prix du gaz et de l’électricité cet hiver, report du durcissement du contrôle technique… Le chef de l’État et celui du gouvernement ont cédé sur un certain nombre d’exigences qui s’expriment depuis près d’un mois.
Au sein du gouvernement comme dans la majorité, on regrette pourtant un léger retard à l’allumage. «On grille la cartouche du moratoire une semaine en retard», soupire un cadre macroniste. «Comme le dit souvent Bayrou: “Quand ça vient tard, c’est que c’est trop tard”», commente un autre. Depuis plusieurs jours, les députés de La République en marche et du MoDem alertaient l’exécutif sur la nécessité d’un geste fort et rapide pour faire baisser la tension. C’est dans ce climat très sensible, et alors qu’Édouard Philippe essuie de plus en plus de critiques, qu’il a décidé de réserver la primeur de ses annonces aux députés.
Le président a décidé de jouer la carte du silence et de laisser son premier ministre monter au front. Mardi, il s’est toutefois rendu au Puy-en-Velay, pour constater les dégâts provoqués par l’incendie de la préfecture de Haute-Loire. Après avoir salué le «courage sans faille» des agents, le chef de l’État a demandé aux forces de l’ordre de «transformer leur tristesse en fierté». Une manière de les rassurer, alors que l’exécutif veut à tout prix s’éviter un nouveau samedi noir.