Doisneau autrement : Arabe et Graines d’écrivains

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1848

LES VALEURS

L’automne venait de s’installer. Les enfants couraient dans le parc. Et moi, j’étais là, à la recherche de l’inspiration. Rien ne me venait à l’esprit. Étant fatigué de chercher de l’inspiration, je pris mes affaires et je quittai le banc du parc. J’étais désespéré. J’avais déjà du mal à avoir une vie saine dans mon atelier. Mes parents m’avaient toujours dit de bien travailler pour réussir ma vie. Ils me disaient d’être parfait, ils me comparaient aux autres et à chaque fois que j’essayais de protester ou de me défendre, je finissais toujours dans ma chambre. Alors, le jour où j’eus enfin 18 ans, je m’étais enfui de chez moi, pour devenir un peintre artiste. Mais je commençais à regretter mon choix. Marchant sur les feuilles d’automne pour les faire craquer, ce que j’adorais faire en étant enfant, je vis mon meilleur ami, Paul. On se connaissait depuis fort longtemps. Un ami et une personne précieuse à laquelle je tenais tant. Lorsqu’il me vit, il se précipita vers moi.

-Eh salut Picasso ! dit Paul. Qu’est-ce que tu fais ici ?

– Salut, je suis venu à la recherche de l’inspiration, dis-je.

– Ce n’est pas ici que tu en trouveras, dit-il.

– Oui, j’ai bien compris. Je vais aller à un autre endroit pour en rechercher, dis-je en soupirant.

– Tu ne veux pas plutôt venir boire un verre avec moi au bar d’en face ? dit-il avec un sourire malicieux.

Paul savait tout de moi et savait que j’adorais l’alcool. Mais cette fois-ci, je refusai de tomber dans le piège.

  • Non, ça ira, répondis-je, une autre fois, peut-être…
  • Comme tu voudras. Bon, je dois y aller. Au revoir, dit Paul en me devançant et en me faisant un signe de la main.

Même en étant mon meilleur ami, je ne lui avais pas raconté mes problèmes financiers. Je ne voulais pas qu’il se soucie de quoique ce soit.

  • Je ne voulais pas rentrer, du moins pas encore. Pour être honnête, mon atelier me faisait plutôt peur, je savais que c’était stupide, mais c’était la vérité. Le fait est que mon atelier était un endroit plutôt sombre ; il n’y avait ni de vie ni de couleur, ni d’histoire à l’intérieur. Il me fichait la chaire de poule… A chaque fois que je rentrais, j’avais la gorge nouée par la peur ; je dormais avec la lumière allumée de peur de n’être pas seul dans la pièce. Dès que j’en avais l’occasion, j’allais dehors me promener. Je n’aimais pas être seul, je préférais être entouré de gens ; ça m’aidait à m’échapper de cet atelier et de me sentir en sécurité. Pendant que je pensais en marchant, je faillis me cogner à un poteau. Qui pouvait être assez stupide pour regarder par terre en marchant ? me dis-je. Je levai les yeux et je vis le Tour Eiffel, je souriais : Paris était belle ! J’aimais beaucoup le France : c’était un pays tranquille ! Les Français étaient chaleureux et accueillants. Certes beaucoup d’entre eux jugeaient et critiquaient rapidement mais cela m’importait peu. Après tout, la perfection n’existait pas… J’adorais la solidarité qu’ils avaient entre eux. Cela me donnait de l’inspiration pour créer de nouvelles choses. Ce qui me déplaisait, c’était l’injustice. La justice n’était pas toujours rendue et les enquêtes criminelles n’étaient pas toujours approfondies. Mais bon, le temps ferait les choses, je présume.

J’étais tellement en train de rêvasser que je n’avais pas remarqué qu’il commençait à faire nuit et que les lampadaires s’étaient allumés. Je m’étais retourné dans la direction d’où je venais pour rentrer à l’atelier. Mais quelque chose me retint : une boutique, mais pas n’importe laquelle, une boutique d’art qui contenait de la peinture, des tableaux, des pastels, et plein d’autres choses qui concernaient le domaine de l’Art. La boutique se trouvait en face de la rue, donc je dus traverser la route. Il faisait très froid et il n’y avait pas un seul chat dehors. Arrivé sur le seuil de la porte, je vis avec stupéfaction que la boutique était toujours ouverte. Pourtant, il était 21 heures 30 et tous les magasins et supermarchés étaient fermés à cette heure-ci. Mais ne sachant que faire, je me dis que je repasserais le lendemain matin, mais un tableau retint mon attention dans la vitrine. Et ce fut à ce moment-là que je commis l’irréparable… J’ouvris la porte et vis un vieil homme d’une cinquantaine d’années venir m’accueillir. Il portait un gilet rouge et un jean noir classique, mais ce qui m’étonna, ce fut les yeux de cet homme : ils étaient d’un noir très sombre. La façon dont il me regardait, me rendit nerveux. Son regard était perçant, comme si il pouvait lire à l’intérieur de mon âme, comme si je ne possédais plus aucun secret pour lui… L’homme s’avança vers moi et me demanda sur un ton étrange :

« Bonsoir, mon cher monsieur. Que désirez-vous ?

J’hésitai à répondre, toujours aussi pétrifié par ses yeux. Mais je me ressaisis et lui répondis :

  • Bonsoir, monsieur, je passais par là et j’ai vu ce tableau qui m’a beaucoup plu, dis-je en pointant le doigt vers le tableau. J’aimerais savoir son prix.
  • Je suis désolé, ce tableau n’est pas à vendre, dit le vieil homme en prenant un air sérieux. Ne voulez-vous pas autre chose ?

Déçu par cette réponse, je répondis poliment :

  • Non merci, j’ai déjà tout ce qu’il me faut.

Je me retournai pour rentrer chez moi, mais ce fut alors que le vieil homme dit à voix haute :

  • Je pense que je pourrai vous le vendre à un prix raisonnable.

Je m’étais soudainement retourné et je vis que l’homme avait un sourire effrayant au coin des lèvres.

  • Que diriez-vous de 50 euros ? continua le marchand.
  • 50 euros ?? C’est une arnaque !!! criai-je choqué par son offre.
  • Allons, calmez-vous, monsieur. Il vaut cher car il est ancien. Je baisse le prix parce que vous ressemblez beaucoup à mon petit-fils, mort il y a quelques mois.

Je déglutis, ses yeux viraient de plus en plus au noir. C’était bien la première fois que je voulais rentrer chez moi.

  • …D’acc… ord… j… je … le prends…, dis-je en bégayant.

Mais le vieux ne dit rien et me regarda droit dans les yeux, très sérieusement. J’étais pétrifié par son regard et je ne savais pas quoi faire. Je détournai les yeux mais cela ne servit à rien. J’avalai ma salive avec tellement de difficulté que je faillis bien m’étouffer avec. Finalement le vieux changea d’expression : il avait un grand sourire jusqu’aux oreilles. Dieu merci ! Cela me soulagea.

  • Très bien, j’ai le même tableau, mais en noir. Il suffit de peindre dessus avec de la peinture blanc fluo. La peinture est offerte avec le tableau, dit le vieux soudain émerveillé.

J’avais tellement envie de partir de cet endroit que je ne fis plus attention à ce qu’il disait ; et sans réfléchir, je répondis :

  • Oui, je prends le tableau noir avec la peinture blanc fluo.
  • Excellent choix ! Tenez !

Il me donna le tableau noir qui était enveloppé dans du papier blanc, ainsi que la peinture blanc fluo. Alors je sortis de ma poche un billet de 50 euros et lui tendis.

  • Merci, au revoir », dis-je en quittant la boutique.

Le vieux n’avait pas répondu. Il me regarda partir avec ses yeux sombres.

Je marchai vite et je ne savais pas pourquoi. J’avais l’impression d’avoir peur, peur d’une chose irréelle.

Après être rentré, je nettoyai le tableau noir et allai me coucher. Je m’endormis rapidement, sûrement à cause de la fatigue… Cette nuit-là, je fis un cauchemar, un cauchemar terrible que je n’oublierais jamais.

J’étais assis par terre, dans l’obscurité. Il y avait des voix qui se moquaient de moi. Soudain, le sol s’effondra et je me réveillai en sueur. Je vis qu’il était 4h du matin, alors je me rassurai en me persuadant que cela n’était pas réel, mais juste un mauvais rêve. Et avec ces pensées qui se bousculaient dans ma tête, je réussis tant bien que mal à me rendormir.

Lorsque je me réveillai, il était 8 h et il pleuvait dehors. Je décidai donc de rester à l’atelier pour peindre le nouveau tableau au fond noir que j’avais acheté la veille. Je me levai et allai m’habiller. Je m’approchai du fameux tableau et le déballai. Effectivement, il était noir. Je le pris dans mes mains et une enveloppe s’échappa du cadre. J’hésitai un moment mais je finis par l’ouvrir, poussé par la curiosité. La lettre était jaune et semblait être ancienne. Peut-être qu’elle avait été cachée là…, pensai-je. Mais pourquoi ?

Je dépliai la lettre et lus ceci :

« Bonjour à vous, cher destinataire de cette lettre,

Vous vous demandez sûrement ce qu’elle contient. Le tableau que vous venez de trouver ou d’acheter est particulier… Il permet de réaliser vos vœux. Mais certains de vos souhaits seront exaucés en échange d’une de vos actions choisie par le tableau.

Attention, ce tableau ne doit en aucun cas blesser ou tuer qui que ce soit : si vous choisissez un vœu de ce genre, vous serez puni sévèrement. N’oubliez pas que l’univers est un miroir, tout peut se retourner contre vous !

Ah oui ! J’oubliais : pour utiliser ce tableau, il faudra dessiner votre vœu sur la toile noire.

Bonne chance… et à bientôt…

Signé : Le F.D.E ».

Après la lecture de cette lettre, je restai un moment silencieux. Ensuite je m’éclaircis la voix et dis à voix haute : « Encore un de ces stupides canulars, c’est la quatrième fois cette semaine ! ». Puis je jetai la lettre dans la corbeille.

Je ferais mieux d’aller revoir ce vieux vendeur de tableaux, peut-être que ces sottises se retrouveront dans d’autres tableaux, pensai-je. En plus, je n’ai rien d’autre à faire… ça tombait bien, car la pluie venait de s’arrêter.

  • Lorsque je sortis de mon appartement, j’étais bouleversé. J’avais les jambes qui tremblaient et les mains qui étaient moites. J’avais un mal de ventre terrible tellement j’étais stressé par ce que je voyais ou plutôt par ce que ne voyais pas.

«  Heu…, monsieur, excusez-moi, s’il vous plaît, un instant ! demandai-je à un passant dans la rue.

  • Oui ? Que voulez-vous ? Dépêchez-vous, j’ai peu de temps, dit l’homme.
  • .. Hier, j’ai vu une boutique l’endroit-même où nous sommes, mais là, elle a disparu ! Il n’y a que des immeubles…

L’homme me regarda comme si j’étais un dégénéré qui s’était échappé d’un asile de fous.

  • Écoutez, si c’est une plaisanterie, je …

Avant même qu’il finisse sa phrase, je l’interrompis :

  • Absolument pas ! Elle était là, je vous le jure, c’était une boutique de peintre…

Avec une grimace, l’homme me répondit :

  • Ecoutez-moi bien, ça fait 6 ans que je vis dans ce quartier, mon ami, et je peux vous assurer qu’il n’y a jamais eu de boutique d’art à cet endroit.
  • .. elle était pourtant bien là…, bégayai-je.
  • Doux Jésus ! Osez-vous prétendre que je ne connais pas la ville dans laquelle j’habite depuis 6 longues années ?

Les passants sur les trottoirs se retournèrent pour voir à qui appartenaient ces voix. Certains murmuraient et d’autres nous montraient du doigt.

  • Excusez-moi…, je…, bredouillai-je.
  • Je ne goberai pas vos âneries ! me coupa le passant. Allez vous faire voir, vous et votre fichue boutique ! »

Ne souhaitant pas que la situation dégénère, je rentrai rapidement chez moi.

Après avoir poussé une injure, je réfléchis à toute cette incroyable histoire. Je me demandai d’où pouvait bien provenir cette lettre et pourquoi il était écrit « à bientôt » à la fin. Un frisson parcourut tout mon corps. J’essayai de ne pas penser à la signature inscrite « F. D.E », mais en vain. Qui pouvait-t-il bien être ? J’avais beaucoup de questions en tête, beaucoup trop.

Soudain, j’eus une idée. Mais oui !!! Je n’avais qu’à dessiner sur la toile noire. Plus vite je le ferais, plus vite je pourrais prouver que tout cela n’était qu’une farce et plus vite je serais soulagé et aurait l’esprit tranquille.

Après avoir bu un thé, je pris une palette et mis de la peinture blanc fluo, livrée avec le tableau, dessus. Ensuite, je pris un pinceau et le plongea dans la peinture. Puis je m’arrêtai. Que pouvais-je dessiner ?

Soudain, j’eus l’inspiration : Mona Lisa, la Joconde ! Le célèbre tableau crée par Léonard de Vinci. J’étais sûr qu’il était impossible pour le tableau de me le procurer. Alors je peignis la Joconde sur la toile noire.

Une fois fini, j’attendis, mais rien se se produisit. Alors un immense sourire se dessina sur mon visage qui se transforma en un éclat de rire. Qui pouvait croire à ce genre de bêtise ? J’avais juste perdu mon temps pour rien, me dis-je.

Tout à coup, on sonna à la porte. Je me demandai qui cela pouvait bien être, car je n’attendais personne. J’allai ouvrir et ce que je vis me glaça le sang. Mon cœur s’arrêta de battre. La Joconde était posée là, sur le paillasson… Le premier réflexe que j’eus, fut de prendre la toile et de fermer la porte avant que quelqu’un ne la voie. Puis je la posai sur la table et m’en éloignai. C’était bien elle ! La Joconde ! Le célèbre tableau ! A cet instant, je souris. Grâce à ce tableau, je pourrais enfin faire ce qui me plairait et aurais tout ce que je voulais.

  • Le temps passa et je devins de plus en plus accroc au tableau noir. Je ne sortais plus souvent, juste pour prendre l’air ou acheter quelque chose. Paul essayait souvent de me convaincre de sortir et se demandait pourquoi je restais à l’atelier alors que j’avais toujours détesté cet endroit. Je ne lui avais pas raconté l’histoire du tableau. Paul était quelqu’un de sérieux, de mature et prudent, alors je voulais éviter qu’il ne gâche tout.

Un mois s’écoula et un jour, j’allai à ma boîte aux lettres pour voir ce que j’avais reçu. Journaux, journaux et encore journaux. Puis, je vis une lettre. Je l’ouvris et vis que c’était une facture :

«  Grrr ! Non pas encore ! C’est la troisième fois cette semaine !, grognai-je.

Je regardai désespérément le tableau et ce fut à ce moment-là que j’eus l’idée qui allait détruire ma vie. Je pouvais devenir riche grâce à ce tableau !! Ma décision était prise et sous le coup de l’excitation, je ne pris pas le temps de réfléchir. Je pris la palette et le pinceau, plongeai le pinceau dans la peinture blanc fluo. Je dessinai de l’argent, beaucoup d’argent. Au fur et à mesure que je dessinais, mes dessins s’effaçaient pour laisser place à une écriture. L’écriture disait que le vœu était bloqué et que pour le réaliser, il fallait que j’exécute ce que le tableau voulait en échange de mon vœu. Je pensai que ce serait quelque chose de facile. Alors je signai pour marquer mon accord sur le tableau noir. Puis j’attendis. Les lettres s’effacèrent, laissant place à un autre message. Lorsque je lus le défi, je commençai à trembler violemment. Mon cœur battait plus fort que jamais. Il faisait chaud et je commençai à transpirer. Le message disait :

« L’argent contre une âme. Tue un proche et reçois la richesse. »

Tuer ? Un proche ? Il en était hors de question ! A cet instant, je me posai beaucoup de questions : comment le tableau pouvait-il m’écrire des choses pareilles ? Que devais-je dire ? Que devais-je faire ?

Soudain, on sonna à la porte. Je pris le tableau, le cachai, puis allai ouvrir la porte. Sur le seuil de ma porte se tenait Paul !

«  Paul, qu’est-ce que tu fiches ici ? vociférai-je.

  • Je suis venu prendre de tes nouvelles. Cela fait longtemps que tu ne sors plus… tu as changé… Je ne te reconnais plus…, dit-il tristement.
  • Quoi ? Non !! Je vais bien ! Je ch.. cherche juste à trouver l’inspiration, dis-je en jetant un coup d’œil vers le tableau.
  • Dans cet endroit ? Pourtant tu le détestes !

Paul s’avança et moi je reculai. Arrivé à l’intérieur de l’atelier, il ferma la porte d’entrée.

  • Écoute, on est meilleur ami depuis la maternelle, c’est suffisant pour que tu me fasses confiance. Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui t’arrive ? dit Paul d’un air contrarié.
  • Je te dis que je vais bien !

Le ton commençait à monter.

  • Arrête de mentir ! Je t’ai vu par la fenêtre de ton atelier. Tu étais avec ce tableau… La Joconde, c’est ça ? Comment tu l’as eu ?

Les yeux de Paul devenaient de plus en plus sombres, comme ceux du vieux de la boutique.

  • Alors, dis-moi, est-ce que tu l’as volé ?

Le ton de Paul était menaçant et il commençait à crier.

  • Qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que non !
  • Alors, comment est-il arrivé jusqu’ici ? cria-t-il.
  • .. je ne sais pas ! criai-je à mon tour.

J’évitai de le regarder dans les yeux, car je savais que si je le faisais, il saurait que je mentais.

  • Tu mens ! hurla-t-il en s’avançant vers moi, l’air menaçant.

Mais à ce moment-là, je poussai Paul qui trébucha et tomba par terre en se cognant violemment la tête sur la table basse.

  • Paul !!!!! criai-je.

Du sang coulait de sa tête. Alors, je m’agenouillai et je vérifiai son pouls. Je devins tout pâle et je tremblai en constatant qu’il était mort. Il était décédé sur le coup.

J’entendis alors des voix, des voix qui disaient : « Ouvrez, c’est la police ! Votre voisin nous a appelés, il a attendu des cris. Si vous n’ouvrez pas la porte, nous serons obligés d’utiliser la manière forte ».

Puis, j’entendis un grand bruit et des cris, mais ces voix paraissaient lointaines car je m’évanouis.

  • Lorsque je me réveillai, j’avais mal à la tête. Je me souvins alors de ce qui s’était passé avec Paul ; c’est là que je sursautai et me levai. Mais en me relevant, je me rendis compte que je ne reconnaissais pas l’endroit où je me trouvais. J’étais dans une cellule de prison ! Avant même de pouvoir réagir, une voix résonna dans la cellule :
  • Te voilà enfin réveillé. Je n’avais plus l’espoir que tu voies à nouveau la lumière du jour.
  • .. qui… êtes-vous ? demandai-je effrayé.
  • Moi ? Ah ! Ah ! Je suis le créateur du tableau à la toile noire, le créateur de tes peurs, le créateur de tes cauchemars, le créateur de tes ennuis, dit la voix d’un ton cruel.

Alors, je me souvins de la signature de la lettre trouvée dans le tableau : « F.D.E ».

  • Vous voulez dire que vous êtes…
  • Le Faucheur des Enfers ! Absolument ! assura la voix. Je suis le vieux de la boutique d’art qui t’a vendu le tableau noir.

Ma colère devint inévitable.

  • Vous n’êtes qu’un…
  • Attention à ce que tu dis. Je n’aurais aucun mal à faire en sorte que tu pourrisses éternellement en prison, dit le Faucheur avec un rire aigu.
  • Vous … vous avez tué mon ami ! criai-je en tremblant de colère et de peur.
  • Moi ? Ah! Ah ! Ah ! C’est toi qui l’as poussé, non ? Tu l’as tué de tes propres mains, dit la voix d’un ton sarcastique. Voyons le bon côté des choses, tu as gagné de l’argent, beaucoup d’argent. Je l’ai placé à la banque en ton nom. Bien sûr, tu pourras le récupérer lorsque, par miracle, tu sortiras de prison ! Ah ! Ah ! Pour être honnête, je ne croyais pas que tu tomberais dans le piège si facilement. Et je me rends compte que la race humaine est vraiment cruelle et égoïste », dit le Faucheur.

Je ne savais plus quoi dire. Je sentis les larmes monter. Je tremblais tellement que mes jambes finirent par lâcher et je tombai au sol.

  • Je reviendrai dans 7 ans pour t’emmener en Enfer, dit le Faucheur. Mais pour l’instant, tu vas rester ici pour souffrir et culpabiliser. Bien entendu, ici, tu ne pourras pas te suicider. Et même si tu réussissais, ton âme m’appartiendrait à jamais. Alors, à bientôt ! dit la voix avant de s’éteindre complètement.

Je n’arrivais plus à respirer tellement mon cœur était serré. Je regardai mes mains en pleurant. J’avais l’impression d’être dans un cauchemar. Un cauchemar sans fin. J’avais commis un pêché que même Dieu ne saurait me pardonner. C’était ici, dans une étroite cellule de prison éclairée par la faible lumière du jour, que je compris la vie et ses valeurs : comme celles de la liberté ou de l’amitié. Tout comme je compris mes erreurs…

Karine AVESTISYAN.

 

 

 

 

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