Devant les 150 citoyens tirés au sort de la convention climat, rassemblés solennellement dans les jardins de l’Élysée, Emmanuel Macron l’a répété : « J’irai au bout de ce contrat moral qui nous lie. (…) Je veux que toutes vos propositions qui sont prêtes soient mises en œuvre au plus vite. » Toutes, vraiment ? Presque : le président n’a mis son véto que sur trois d’entre elles, particulièrement polémiques : la taxe de 4 % sur les dividendes, rejetée ; la réduction de la vitesse sur autoroute à 110 km/h, car « la transition écologique ne doit pas se faire au détriment des communes les plus enclavées » ; et la réécriture du préambule de la Constitution, qui prévoyait de placer les droits de l’environnement au-dessus de tous les autres. « Vous proposez un projet humaniste, s’est étonné Emmanuel Macron. Je ne souhaite pas reprendre cette proposition, car elle serait contraire à nos valeurs. (…) Ce n’est pas cohérent avec le projet et la philosophie des Lumières qui portent notre République. »

La cohérence, c’est pourtant ce que revendiquaient les membres de la Convention, qui redoutaient de voir le gouvernement piocher « à la carte » dans un corpus de mesures conçues, selon eux, comme un tout. Comment les satisfaire, sans toutefois valider certaines propositions décrites par plusieurs spécialistes comme « inapplicables », voire « fantaisistes » ? Avec habileté, Emmanuel Macron n’a pas choisi. Son long discours, prononcé dans un cadre champêtre avant une longue séance d’embrassades avec des citoyens charmés d’être si bien accueillis, laisse en réalité ouvertes toutes les options, la reprise des 146 propositions de la convention climat restant loin d’être acquise.

Dans un premier temps, un conseil de défense écologique se tiendra, « d’ici fin juillet », qui devrait permettre de reprendre les propositions relevant du champ réglementaire. « Cela comprend quelques aspects particuliers de la rénovation énergétique », détaille un familier du dossier, « et les propositions portant sur la formation, la transparence, l’éducation à l’environnement… » Des sujets importants, mais plutôt consensuels, seront donc les premiers à trouver une application concrète. Ensuite, certaines mesures seront intégrées au plan de relance qui sera « soumis au Parlement dès la fin de l’été », où elles seront débattues et amendées. Pour le reste… Les propositions de la convention sont renvoyées à des débats plus larges, avec les différents acteurs de la société.

Les collectivités locales, d’abord, concernées au premier chef par des propositions importantes : augmenter le nombre de parkings relais, interdire les véhicules polluants, instaurer des clauses environnementales dans les marchés publics… Ou la très polémique limitation de l’artificialisation des sols, première cause de l’érosion de la biodiversité. Leurs représentants seront invités à traduire, avec les membres de la Convention, leurs propositions dans leurs textes. « C’est très habile de la part de Macron », constate un observateur : « Les maires qui accordent les permis de construire ou qui acceptent des projets de centres commerciaux pour attirer de l’emploi vont être forcés de prendre position. Certains s’affichent écolos, tout en construisant à tout-va sur les terres agricoles ! »

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