CC 4A a pris son envol

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Lundi 22 août, le Collectif Chalonnais « Assistance Aide Aux Afghans » (CC 4A) a pris son envol pour venir en aide aux Afghans et Afghanes, en situation régulière ou irrégulière sur notre sol. CTV vous a déjà décrit son action auprès du couple Zarin et Gholam.

CTV : Pourquoi ce Collectif ?
Le responsable du CC 4A : Il n’aura échappé à personne que depuis un an (15 août), les Talibans sont de retour dans le pays avec toutes les horreurs dont ils sont capables, notamment au niveau des femmes, qui ne sont plus rien que des burqas ambulantes. On est ou on va revenir, en Afghanistan, à la barbarie à la situation d’avant l’arrivée des Américains et des forces de l’OTAN. De plus, plus d’aide extérieure, ce qui entraîne une famine importante, que les Maîtres du pays, eux en bonne santé et bien armés, ne sont pas capables de régler. Donc des Afghans vont, encore, quitter le pays. Souvent ce sont des hommes, comme Gholam qui a quitté sa montagne afghane aux mains des Talibans, il y a 7 ans. Ils viennent en Europe comme éclaireurs, c’est moins dangereux que pour les femmes dont le viol est sur le chemin de l’exil. Puis, ils essaient de faire venir leur épouse, ce qui s’est compliqué depuis août 2015. Gholam a mis 7 ans pour retrouver Zarin, sa femme, qui a quitté Kaboul, de façon clandestine et payante, en octobre 2015 pour Téhéran, avant de rejoindre la France en juin 2022.


CTV : Que va faire le collectif ?

Il ne s’agit pas pour nous de nous substituer aux associations existantes, comme l’Asti, Les Restos du Cœur…, qui font un travail remarquable. Les membres du collectif veulent être présents pour ces déracinés, présents pour les aider dans leurs démarches administratives (on ne pouvait s’imaginer de la complexité et de la lenteur de notre administration française et aussi de l’inefficacité de certaines assistantes sociales qui doivent les prendre en charge) ou autres, d’être présents, le plus possible près d’eux, pour qu’ils comprennent notre pays, nos coutumes, nos valeurs, de leur parler le plus possible, eux qui ont une langue et une écriture tellement différente de notre langue si compliquée, de leur apporter de la chaleur humaine, de ne pas les laisser seuls dans leur foyer Adoma, en somme de les accueillir. Il faut aussi agir, avec les services de l’État, pour éviter qu’ils soient exploités par certains employeurs sans scrupule. Tout ce qui est fait est bien pour eux, mais aussi pour nous avec ces personnes déboussolées qui travaillent pour nous et qui seront un jour français.
Nous ne cherchons pas de l’argent, même si c’est parfois nécessaire, le Collectif sert à apporter de l’humanité à toutes ces personnes.

CTV : Pourquoi vous occuper de ces migrants et pas des Français, bien de chez nous, dans le besoin ?

C’est une question, une remarque que l’on nous pose, que l’on nous fait. Déjà pour nous, la misère n’a pas de couleur, de religion, de pays, de frontière. Les Français, bien de chez nous, comme le dit le Maire de Chalon, ont des difficultés, on ne le nie pas, et ce depuis longtemps. Alors pourquoi, les Afghans ? Déjà notre collectif est composé de peu de membres. Nous avons fait ce choix des Afghans, comme on aurait pu le faire des Syriens en 2013, parce que les Afghans sont aussi dans le besoin, qu’ils ont pour arriver ici vécu des moments difficiles, qu’ils sont dans un pays dont ils ne connaissent pas la langue, les lois, les coutumes, parce qu’ils viennent d’un pays de guerre, de dictature, de torture. Donc, pour nous, ils ont encore plus besoin de nous. Nous n’empêchons personne des créer des collectifs pour aider les gens bien de chez nous. Nous n’obligeons personne à nous aider, à nous rejoindre.

Le + de CTV
Taliban 2.0

L’Afghanistan désormais l’Émirat islamique d’Afghanistan est depuis l’antiquité un Carrefour de l’Asie, un point de passage important sur la route de la soie.
L’Afghanistan est un pays montagneux avec des plaines au nord et au sud-ouest. Le point le plus haut du pays, à 7 485 m. De grandes parties du pays sont arides, et l’eau potable est limitée. L’Afghanistan a un climat continental, avec des étés chauds et des hivers froids. Le pays est fréquemment sujet aux tremblements de terre.
Les Pachtounes forment le plus grand groupe estimé à plus de 42 % de la population. Le deuxième grand groupe linguistique, parlant le dari (proche de l’iranien), comprend les Tadjiks (27 %) et les Hazaras (9 %) qui habitent le centre. Les Ouzbeks représentent 9 % de la population. Il y a également une présence non négligeable de tribus et d’ethnies.
Il existe 40 langues répertoriées en Afghanistan, dont deux langues officielles nationales, le dari et le pachto. Le dari est le persan d’Afghanistan. C’est la première langue du pays ; cette langue est parlée par une grande partie de la population, y compris par des Pachtounes
Le bilinguisme est commun.

Les Afghans sont majoritairement musulmans avec approximativement 80-89 % de sunnites et 10-19 % de chiites.
Un tiers de l’économie du pays repose sur le trafic d’opium ou de ses dérivés. L’Afghanistan est le premier fournisseur mondial d’opium (80 %)
L’Afghanistan est en guerre avec la puissance britannique (1878 à 1880 – mai à août 19)
À partir de la fin des années 1970, l’Afghanistan connaît plusieurs décennies de guerres ininterrompues qui causent la mort d’au moins plusieurs centaines de milliers de personnes.
En 1973 par le prince Mohammad Daoud Khan, la monarchie afghane est renversée, et la république d’Afghanistan proclamée.
Avant 1980, il y avait une tradition de francophonie chez les élites et classes favorisées de l’Afghanistan, ainsi qu’environ 10 000 Afghans
En 1979, les troupes soviétiques interviennent militairement en Afghanistan et assassinent le président Hafizullah Amin. Une longue guerre oppose ensuite les Soviétiques et les forces communistes afghanes aux moudjahidines, armés et soutenus par le Pakistan, les États-Unis, la Chine et l’Iran. Les forces soviétiques se retirent du pays en 1989 et le gouvernement communiste de Mohammad Najibullah est renversé en 1992.
L’État islamique d’Afghanistan est alors instauré, mais une nouvelle guerre civile oppose rapidement les différentes factions moudjahidines. Le mouvement taliban émerge alors en 1994, sous la direction du mollah Omar, et profite de ces divisions pour prendre le pouvoir à Kaboul en 1996. Une partie du territoire demeure cependant sous le contrôle des moudjahidines de l’Alliance du nord dirigé par le commandant Massoud assassiné le 9 septembre 2001 (la vallée du Panshir au nord-est de Kaboul, ethnie tadjik) qui poursuivent la lutte contre les talibans. Les deux célèbres statues de Bouddha dans la province de Bamiyan sont fortement endommagées en 2001 par les talibans.
Fin 2001, le régime taliban est défait par une coalition internationale menée par les États-Unis, en raison de son refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, responsable des attentats du 11 septembre 2001. Les forces de l’Alliance du Nord reprennent le pouvoir et forment en 2004 la « République islamique d’Afghanistan » de type présidentiel. Pendant vingt ans, les talibans poursuivent cependant une longue guérilla, que les forces du gouvernement afghan et de la FIAS (Force internationale d’assistance à la sécurité sous le commandement de l’OTAN et sous décision de l’ONU) ne parviennent pas à réduire. En 2012, la France retire ses troupes.
Après un engagement coûteux (2261 milliards de dollars, 2 456 morts et 20 400 blessés parmi les soldats américains, 775 000 soldats engagés, 47 000 civils afghans tués), Donald Trump annonce en décembre 2018 son intention unilatérale de se retirer du pays. Les talibans, presque essentiellement composés de Pachtounes, et soutenus de leur côté par l’autre ancien bloc de la guerre froide, prennent l’avantage dans un énième cycle de négociations de paix entamées à Doha (Quatar – chaîne Al Jazeera) en novembre 2018. Un accord minimal se conclut à Doha en février 2020, visant surtout à sécuriser le retrait des troupes américaines, à éviter les attentats sur le sol américain, et l’engagement des Talibans de ne pas héberger des camps d’entraînement terroriste. Cet accord voit la libération de 5000 talibans.
En 2021, les États-Unis retirent leurs troupes d’Afghanistan et les talibans mènent une offensive à travers tout le pays. Le gouvernement que les États-Unis soutenaient militairement s’effondre ; le 15 août 2021, les talibans reprennent le pouvoir à Kaboul sans combat, vingt ans après en avoir été chassés.
Le retrait complet des États-Unis doit être effectif le 11 septembre 2021, date anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 qui avaient déclenché l’intervention américaine dans ce pays, mettant fin à vingt ans de guerre contre les talibans.
Les talibans ont signé des accords de non-agression avec les pays voisins (Chine, Iran, Pakistan, Tadjikistan et Ouzbékistan).

En juillet 2021, différents pays évacuent leurs ressortissants, les talibans revendiquent le contrôle de 85 % du pays et d’importants postes frontières. Ceux-ci reprennent rapidement du terrain dans les campagnes et encerclent les grandes villes, dont Kaboul, avec l’intention de rétablir un régime fondamentaliste islamiste.
Au 15 août, les talibans contrôlent 267 districts sur les 407 du pays ainsi que vingt-six capitales provinciales sur trente-quatre48. Ils entrent dans la capitale, Kaboul, après la fuite du président Ashraf Ghani.
Le 16 août, le fils du commandant Massoud, Ahmad Massoud, annonce qu’il entend mener la résistance de son peuple face aux talibans
Le 30 août, le dernier avion de l’armée américaine quitte Kaboul, achevant le retrait des États-Unis d’Afghanistan et mettant ainsi un terme à une guerre qui aura duré près de deux décennies.
Fawad Andarabi, un chanteur folklorique afghan tué par les talibans

La guerre la plus longue de l’histoire des États-Unis doit beaucoup aux errements de leurs présidents, incapables de définir une stratégie durable en Afghanistan.
Dès 2002, Bush promet « une nouvelle ère des droits de l’homme » aux Afghans et un « plan Marshall » pour développer le pays. La guerre en Irak, en 2003, fait passer Kaboul au second plan pour les Américains. Les investissements promis n’arrivent pas, et le conflit s’enlise.
123 000, C’est le nombre de civils ayant été évacués d’Afghanistan par le pont aérien mis en place par Washington. Parmi eux, 5500 Américains ont été évacués en 16 jours d’opérations.
Depuis la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août, les chefs d’État européens, à l’image d’Angela Merkel, refusent une arrivée massive de réfugiés afghans. « Les dirigeants des vingt-Sept sont marqués par la crise de 2015, mais ils sont surtout convaincus de se trouver face à des opinions publiques traumatisées par l’immigration. Ils ne sont plus du tout disposés à s’organiser pour l’accueil des réfugiés, comme l’Europe avait pu le faire pour les boat people vietnamiens à la fin des années 1970. » En France comme en Allemagne (où les législatives de l’après Merkel auront lieu le 26 septembre), les campagnes électorales durcissent encore le discours vis-à-vis de l’immigration.
Redoutant une crise migratoire, les chancelleries européennes veulent reproduire les solutions trouvées en 2016, quand l’Europe a promis 6 milliards d’euros à la Turquie pour qu’elle garde les migrants syriens sur son sol. Cette fois, les Européens comptent sur l’Iran et le Pakistan, où se concentrent déjà 90 % des réfugiés afghans. « Les Afghans fuiront dans les pays proches de chez eux, principalement pour des raisons économiques. Les migrants deviennent une arme de conquête.
Les Talibans disent :
Nous avons changé » : c’est en substance devenu le leitmotiv des talibans depuis leur prise du pouvoir à Kaboul, le 15 août dernier. « En matière d’expérience, de maturité, de vision, il y a une différence énorme chez nous par rapport à il y a 20 ans », a ainsi martelé mardi leur porte-parole Zabihullah Mujahid, lors d’une conférence de presse. Quelques heures plus tôt, ce dernier avait même accordé une interview télévisée à une femme journaliste, une première pour ce mouvement fondamentaliste. Des paroles et des gestes destinés à rassurer la population afghane, comme la communauté internationale, chez qui le régime de terreur mis en place par les islamistes entre 1996 et 2001 reste encore vif.
Pour calmer les inquiétudes, les talibans n’ont donc pas lésiné sur les promesses : autorisation pour les femmes de s’éduquer et de travailler (dans le cadre de la charia, toutefois…), mise en place d’un gouvernement « inclusif », amnistie pour tous, même les fonctionnaires ayant travaillé avec les forces occidentales… « Personne ne les chassera, personne ne leur demandera pourquoi ils ont travaillé ou traduit pour les États-Unis. (…) Je veux assurer à la communauté internationale que personne ne sera blessé ».
Traque d’anciens opposants
Sur place, pourtant, la réalité semble bien différente. Selon un rapport confidentiel de l’ONU dévoilé dans la presse ce vendredi, la traque des opposants d’hier s’est intensifiée ces derniers jours en Afghanistan. D’après ce document, les talibans posséderaient des « listes prioritaires » de personnes qu’ils souhaitent arrêter lors « d’opérations de porte-à-porte ciblées », en particulier d’anciens membres de la police, des forces armées et des agences de renseignements. Mercredi, des intégristes à la recherche d’un journaliste travaillant pour le média allemand Deutsche Welle – aujourd’hui réfugié en Allemagne -, ont aussi abattu un membre de sa famille et gravement blessé un autre.

Deux jours de folie meurtrière. » Dans un rapport publié jeudi, l’ONG Amnesty International dévoile des actes de torture et des exécutions sommaires, commis par les talibans au début du mois de juillet, dans le district de Malistan, une région de la province de Ghazni. Neuf hommes, tous issus de la minorité chiite hazara, auraient ainsi été tués. Un « massacre brutal », dénonce Amnesty, qui rappelle que de tels actes peuvent constituer des crimes de guerre passibles de la Cour pénale internationale (CPI).
Des enquêteurs de l’ONG ont recueilli des témoignages d’habitants du village de Mundarakht, dans lequel des talibans sont arrivés début juillet. Lancés dans une vaste offensive…
Université femme
Manifestation des femmes
Journalistes arrêtés et torturés
Corruption
Soldat non payé
Paysan n’ont vu aucun dollar

Cricket,
plus de 400 sports sont permis par les lois de l’islam » et que son gouvernement n’aura qu’une exigence : que chaque activité physique soit « pratiquée conformément à la loi islamique ». Cela ne posera que peu de problèmes aux hommes, qui devront juste se couvrir les genoux « avec des shorts un peu plus longs ».
Pour les femmes en revanche, un autre responsable taliban, Ahmadullah Wasiq, déclarait au média australien SBS, la semaine dernière, que le régime ne devrait pas autoriser les femmes à jouer au cricket, l’un des sports les plus populaires en Afghanistan : « Elles pourraient être confrontées à une situation où leur visage et leur corps ne seront pas couverts. L’islam ne permet pas aux femmes d’être vues comme ça ».


Gouvernement
• Mollah Mohammad Hassan Akhund – Premier ministre
Pachtoun originaire de Kandahar, le Premier ministre taliban a été un proche collaborateur et conseiller politique du fondateur du mouvement et chef suprême, le mollah Omar. Sous le premier gouvernement taliban (1996-2001), il a notamment été vice-ministre des Affaires étrangères et gouverneur de la province de Kandahar.
Son nom figure sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU liées aux « actes et activités des Taliban ».
• Mollah Abdul Salam Hanafi – deuxième vice-premier ministre
D’origine très modeste, Abdul Salam Hanafi, qui figure aussi sur une liste noire de l’ONU, était vice-ministre de l’Éducation sous le premier gouvernement taliban, qui avait notamment interdit la scolarisation des filles. Après le départ du pouvoir des Taliban en 2001, il a pris la tête de la province de Djozdjan (nord), contrôlée par les Taliban. Il a également été accusé par le Conseil de sécurité de l’ONU d’être impliqué dans le trafic de drogue.
• Sirajuddin Haqqani – ministre de l’Intérieur
Sirajuddin Haqqani, qui serait âgé d’une quarantaine d’années aujourd’hui, est le chef du réseau Haqqani, accusé d’une série d’attaques terroristes en Afghanistan et lié à Al-Qaïda.
Devenu chef du réseau Haqqani après la mort de son père, en 2018, Sirajuddin Haqqani figure sur la liste des suspects les plus recherchés du FBI.
Ce personnage à la réputation sulfureuse est recherché pour actes de terrorisme et dont toute information menant à sa capture est récompensée par les Américains à hauteur de 5 millions de dollars. Même si ce protégé des services pakistanais prétendait à un poste encore plus important, il s’agit du portefeuille le plus stratégique du gouvernement, parce qu’il va permettre à Sirajuddin Haqqani d’avoir la main sur l’Afghanistan profond, dans le sens où c’est ce ministère qui gère les relations entre Kaboul et les provinces et qui nomme les gouverneurs. »
• Mollah Mohammad Yaqoub – ministre de la Défense
Fils du mollah Omar, Mohammad Yaqoub est le plus jeune des dirigeants talibans. Ce trentenaire, qui dirigeait la puissante commission militaire du mouvement, qui a décidé des orientations stratégiques dans la guerre contre le pouvoir afghan soutenu par Washington, a été logiquement nommé ministre de la Défense.

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