Cannabis, légalisation… sous l’œil de la police

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Sous les projecteurs de CTV accueille, le secrétaire régional du syndicat majoritaire de la Police Alliance, Stephan Ragonneau au sujet de ce que certains appellent le fléau du siècle, en l’occurrence le cannabis. Dans l’émission seront abordés le travail de la police par rapport aux drogues, cannabis et autres…, la légalisation du cannabis…
Stephan Ragonneau a été, avant d’être secrétaire régional, sur le terrain donc il connaît le rôle de la police dans les lieux de vente, notamment en banlieue (4 000 en France, selon le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin). Il fait aussi, quand la situation le permet, hors confinement par exemple, de la prévention drogue dans les établissements scolaires… Le cannabis et sa légalisation ou la répression renforcée de sa vente sont des véritables problèmes de société, même si on en parle depuis si longtemps. La France, pays le plus répressif d’Europe, ne brille pas par sa réussite. La consommation augmente de plus en plus, notamment chez les jeunes.  Eh, si au lieu d’asséner des certitudes, on réfléchissait sérieusement tous ensemble, comme d’autres pays l’ont fait, à ce problème addictif.

Le Plus de CTV

Le cannabis est un gros problème sociétal à la fois au niveau santé, car c’est bien une drogue, mais aussi au niveau trafic et commerce illégal dans les banlieues et autres avec à la clef beaucoup d’argent et d’insécurité… La vente et la consommation de cannabis sont illégales en France, le pays le plus répressif d’Europe en la matière. Politique efficace ? La réponse est non, puisque c’est le pays où la consommation augmente le plus, notamment au niveau des jeunes. En 2005, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy nous promettait, déjà, de tout nettoyer au karcher. Petit problème, il avait sûrement oublié que le karcher, pour fonctionner, a besoin d’eau et que les dealers, très organisés et souvent les maîtres des lieux, avaient fermé les vannes…! L’estimation du chiffre d’affaires du marché des substances illicites en Europe en 2017, par type de drogue donne : Cannabis 11,6, Cocaïne 9,1, Héroïnes 7,4 (milliards)

À quand en France, un vrai débat sur ce problème sociétal et pas uniquement de grands tours de manches et de grandes  » criades « . ChalonTV va approfondir le sujet, car c’est un vrai sujet de santé publique. Nous allons organiser des plateaux, des interviews pour faire réfléchir, parler, débattre sur cette drogue et faire, si possible avancer la situation (il y a d’autres alternatives que la répression… l’éducation, la dépénalisation et la légalisation…!). Le témoignage de Timothée est le premier élément de cette enquête.

Selon le Dr Bouquet du Centre d’évaluation et d’information sur les pharmacodépendances et addictovigilance du CHU de Poitiers, les morts impliquant le cannabis1 ont augmenté entre 2012 et 2016. Sur cette période, la spécialiste dénombre 131 décès directs, dont 62 liés au seul cannabis, et 136 décès indirects, dont 73 avec cette unique drogue. Entre 2012 et 2017, 16 décès ont été notifiés spontanément, impliquant le cannabis seul ou en association avec le tabac et/ou l’alcool, hors drames. Bien sûr, le DR Bouquet n’a pas compté les morts entre gangs, pour posséder les lieux de vente (cf. Marseille…!).

Bien sûr, il y a le cannabis qui tue peu (ou pas selon d’autres sources1) et qui est illégal et dont la consommation et la vente sont réprimées. Mais si, pour ne pas être hypocrite, grande qualité française, on parlait aussi d’autres drogues l’égales et qui tuent à grande échelle et en toute légalité… le tabac, l’alcool… (même si leur vente est réglementée pour les mineurs et que des campagnes de sensibilisation sont organisées par le ministère…. avec une efficacité à démontrer…!)

L’alcool, qui tient haut le pavé dans nos supermarchés, est responsable de 41 000 décès par an : 30 000 chez l’homme, ce qui représente 13 % de la mortalité totale masculine, et de 11 000 décès chez la femme, soit 5 % de la mortalité totale. L’alcoolisme est la seconde cause de mortalité évitable, après le tabagisme qui occupe la première place. En effet, chaque année, le tabac est responsable d’environ 73 000 décès en France. Quant à l’alcool, il coûte la vie, directement ou indirectement, à 45 000 personnes par an. Parmi ces chiffres, l’alcool est complètement responsable de 23 000 décès (cancer des voies aérodigestives supérieures, par cirrhose ou par mort prématurée liée à l’alcoolodépendance) (Voir d’autres éléments sur l’alcool)

Notes 1 et 2

1- À maintes reprises, il a été démontré que le cannabis ne présentait aucun risque de décès par surdose. Ainsi, contrairement à l’héroïne, à l’alcool, à la cocaïne et à bon nombre d’autres drogues illégales (et de médicaments sur ordonnance !), consommer trop de cannabis ne saurait mettre en danger la vie d’un humain. Il est impossible d’établir la dose létale médiane du THC pour les humains, car les cas de décès sont inexistants.

2- Chiffres clés sur la consommation d’alcool en France métropolitaine (2020 Santé publique)

      • 23,6% des personnes de 18-75 ans dépassaient les repères de consommation en 2017
      • 11,7 litres par an et par personne de 15 ans et plus
      • 41 000 décès attribuables à l’alcool par an, dont 30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes
      • 16 000 décès par cancer et 9 900 décès par maladie cardiovasculaire chaque année
      • 87% des 18-75 ans consomment de l’alcool au moins une fois par an
      • 26% des 65-75 ans déclarent une consommation quotidienne d’alcool
      • 13,4% des 18-24 ans déclarent au moins 10 ivresses par an
      • 10% des 18-75 ans consomment à eux seuls 58% de l’alcool consommé

 

Le Cannabis, le cannabis en France

Le cannabis contient, en général, plus de 113 substances différentes, mais c’est le THC (tétrahydrocannabinol) qui provoque les effets psychoactifs recherchés par le consommateur. De nombreux dealers vendent du cannabis avec un taux de THC entre 10 et 15 %. En France, le CBD (voir reportage vidéo sur un magasin chalonnais vendant du CBD), autre composante du cannabis n’est pas classé comme stupéfiant. Le CBD est donc légal en France avec un taux de THC inférieur à 0,2 %. Depuis mars 2021, la ville de Chalon compte déjà 4 magasins vendant du CBD.

En France, le cannabis ((Beuh, shit, weed, marijuana…) )est la substance psychoactive la plus consommée après l’alcool, le tabac, la caféine et les médicaments psychotropes et le premier stupéfiant loin devant les champignons hallucinogènes, la cocaïne et l’ecstasy…

La consommation de cannabis en France représente 80 % de la consommation de l’ensemble des drogues. Près de 10 % de la population entre 14 et 64 ans consomme du cannabis au moins une fois par an, près de 3 % de façon quotidienne. Les jeunes Français de 16 ans sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe. 18 millions de Français ont déjà expérimenté le cannabis au cours de leur vie. En 2017, en France, près de la moitié des adultes âgés de 18 à 64 ans déclaraient en avoir déjà consommé. C’est près de quatre fois plus en 30 ans.

Que dit la LOI 

La législation française en matière de cannabis est la plus stricte en Europe. En effet, cette drogue est illégale en France depuis 1970. Par ailleurs, le cannabis à usage médical est prohibé même si une évolution est à l’étude. Enfin, la loi ne distingue pas entre l’usage personnel et le trafic, comme c’est le cas dans certains pays.

La France compte 3952 points de vente de drogues identifiés

Ces dernières années, la position du gouvernement sur le cannabis s’est assouplie. Promesse de campagne du président Emmanuel Macron, l’amende forfaitaire est venue compléter l’arsenal législatif en 2018. Cette procédure permet à la police d’infliger une amende de 200 € aux consommateurs. Si cette amende est réglée sous 15 jours, elle est minorée à 150 €. Au-delà de 45 jours, le contrevenant se verra infliger une amende majorée à 450 €. Ce choix a été justifié par les coûts procéduraux élevés qu’entraînait la parution systématique des contrevenants devant les tribunaux, mais ne constitue en aucun cas une dépénalisation puisque les infractions liées au cannabis peuvent toujours entraîner des poursuites pénales.

Cette procédure a néanmoins le mérite de réaligner la législation française sur celle de ses voisins allemands et italiens. De ce fait, la nécessité de se rendre à l’étranger pour se procurer de la drogue est réduite. Cependant, d’autres pays voisins autorisent quant à eux l’usage récréatif du cannabis, comme la Belgique, le Luxembourg ou la Suisse.

Le trafic de cannabis peut lui déboucher sur la réclusion criminelle à perpétuité (30 ans) et 7,5 millions d’euros d’amende. Vendre illégalement de la drogue est un crime. La loi française distingue clairement l’utilisateur, considéré comme un patient plus que comme un délinquant, qui obéit au Code de Santé Publique, et le dealer qui vend de la drogue en plus de sa possible propre consommation, considéré comme un trafiquant et répondant au Code Pénal. En pratique, les jugements sont rarement aussi graves et les poursuites aussi systématiques que la loi le prescrit.

Réflexion sur le Cannabis en France, pays de l’escargot

La réflexion sur la consommation du cannabis en France, avance à pas d’escargot. Le problème est toujours là avec une progression de la consommation notamment avec les jeunes avec des produits de plus en plus coupés avec des substituts toxiques. Devant ce constat d’échec patent de la politique menée depuis des dizaines d’années (on ne change pas une politique qui échoue semble est la doctrine depuis très longtemps), 5 députés ont déposé, il y a quelques mois un projet de loi pour légaliser la vente du cannabis (ce qui va beaucoup plus loin que la dépénalisation). Le député membre du groupe « Libertés et territoires » François-Michel Lambert a, le 4 mai 2021, dénoncé « l’échec total du répressif et de la prohibition en France », alors que selon lui, « d’autres pays ont fait le choix d’affronter le problème plutôt que la politique de l’autruche ». D’autre part l’enquête parlementaire présentée par la rapporteuse de la majorité LAREM – chargée de la thématique « cannabis récréatif » – Caroline Janvier – va dans le même sens. Cette dernière a souligné en préambule que « la politique répressive menée par la France depuis 1970 coûte cher et mobilise à l’excès les forces de l’ordre sans pour autant contribuer, même de manière marginale, à la résorption de l’usage et du trafic de cannabis ». La commission préconise, elle aussi, la légalisation.

Nous rappelons donc que fumer du cannabis est illégal. Il nous paraît utile, cependant, d’entendre tout le monde. Nous proposons bientôt, soit un débat, soit des émissions plateau sur le problème du cannabis à la fois le côté sanitaire, social, éducatif, mais aussi le côté mafieux, de la vente parallèle par des dealers qui se font beaucoup d’argent sur le dos de notre jeunesse et qui font vivre beaucoup de banlieues. Le cannabis est un problème sociétal très grave, il est temps, enfin, de se mettre à réfléchir et à prendre de vraies décisions et non de faire des compromissions.

Premier volet de cette réflexion : la parole est donnée à Timothé, jeune consommateur de cannabis. Il parle de son rapport à cette drogue, de sa façon de s’approvisionner, puisque le cannabis est bien une drogue.

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