« Je veux que nos concitoyens mesurent l’importance de ce qui s’est passé pendant ces quatre jours et quatre nuits. C’est le projet sur lequel les Francais m’ont fait confiance, que j’ai présenté en septembre 2017 à La Sorbonne ». Interrogé sur TF1 à l’issue d’une âpre négociation avec ses homologues européens, mardi 21 juillet, Emmanuel Macron a assuré que l’accord conclu sur le plan de relance pour les économies frappées par la crise du coronavirus constitue pour l’Union européenne « le moment le plus important depuis la création de l’euro ».
Le chef de l’Etat, qui s’exprimait depuis l’Elysée après son retour de Bruxelles (Belgique), s’est livré à un exercice de pédagogie autour de cet accord d’un montant de 750 milliards d’euros et de son financement. Il a également évoqué l’épidémie de coronavirus. Franceinfo récapitule l’essentiel de cet entretien. Emmanuel Macron a d’abord confirmé que la France allait toucher « 40 milliards d’euros sur ce plan de relance » et sera « le troisième bénéficiaire en Europe », après l’Italie et l’Espagne. Cela « correspond à 40% des dépenses » du plan de relance français, évalué à 100 milliards. Ces 100 milliards serviront à « financer l’emploi des jeunes », « nos petites et moyennes entreprises, nos artisans, nos commerçants », « le tourisme mais aussi la rénovation thermique des bâtiments », « l’hydrogène, les batteries électriques… Tout ce qui va nous permettre de créer de l’emploi », a-t-il énuméré.
Le plan de relance français, qui sera présenté le 24 août, servira-t-il a aider également les secteurs automobile et aéronautique, durement frappés par la crise ? Interrogé à ce sujet, le chef de l’Etat a expliqué que le « financement » apporté aux géants de ces domaines, tels qu’Airbus et Air France, devait s’accompagner de « garanties » de ces secteurs « pour accélérer leur conversion à une économie décarbonée ». « Cet argent viendra de l’Europe sur notre budget sans que nous ayons besoin de le financer, ni par notre propre endettement ni par nos impôts », a indiqué Emmanuel Macron. « Précisément, ce n’est pas le contribuable français qui payera cette dette » mais de « grandes entreprises internationales, parfois européennes, qui aujourd’hui ne sont pas assez sollicitées et qui vont payer progressivement cette dette par la fiscalité européenne que nous allons bâtir », a-t-il insisté.
Il a rappelé que les 27 s’étaient engagés, aux termes de l’accord signé mardi, à « créer de nouvelles ressources propres ». Le chef de l’Etat a mentionné trois taxes, actuellement à l’étude : une sur le plastique non-recyclé, une sur les géants du numérique et une « taxe carbone ». Au sujet de la taxe numérique, Emmanuel Macron a rappelé que la France avait entamé des négociations avec d’autres pays dont les Etats-Unis, sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pour mieux taxer des entreprises telles que Google, Apple, Facebook ou Amazon, régulièrement accusées de ne pas payer leur juste part d’impôt. Concernant la « taxe carbone », « nous demandons à nos entreprises beaucoup d’efforts pour être plus vertes » mais « lorsque nous importons de l’acier de l’autre bout du monde », par exemple « d’Inde, de Chine ou d’ailleurs », « qui est fait dans des conditions beaucoup moins vertueuses, il faut pouvoir mettre à nos frontières une taxe » permettant d’éviter une « concurrence déloyale ».