La guerre en Ukraine déclenchée par le président russe, Vladimir Poutine, « et les prochaines étapes la concernant seront discutées entre chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne lors du dîner de ce [jeudi] soir dans le cadre du sommet de Versailles », indiquaient l’Élysée dans un communiqué, quelques heures avant le début de ce rendez-vous jeudi. Les 27 doivent évoquer les défis économiques et sécuritaires posées par la guerre en Ukraine. Les dirigeants des 27 se sont réunis pour élaborer les réponses économiques et militaires au choc de l’invasion russe, commencée le 24 février. « L’Europe a changé sous le coup de la pandémie, elle va changer plus vite et plus fort sous le coup de la guerre », a prédit le président français Emmanuel Macron.
Après deux semaines de conflit, les sanctions occidentales continuent de pleuvoir contre la Russie et font de plus en plus sentir leurs effets dans le pays, avec lequel un nombre croissant d’entreprises coupent tout ou partie de leurs liens. Concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, « il n’existe pas de procédure rapide », a rappelé le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, alors que Kiev a déposé une candidature dans l’espoir de la rejoindre « sans délai ». Nous allons réaffirmer que « nous voulons travailler intensivement avec l’Ukraine », a-t-il néanmoins précisé. « Est-ce qu’on peut aujourd’hui ouvrir une procédure d’adhésion avec un pays en guerre ? Je ne le crois pas. Est-ce qu’on doit fermer la porte et dire ‘jamais’ ? Ce serait injuste », a résumé Emmanuel Macron, qui voit dans la crise actuelle la confirmation de la nécessité d’une Europe plus souveraine.
Cette guerre va conduire les 27 à prendre « des décisions historiques » pour « complètement redéfinir l’architecture de notre Europe », a affirmé le président de la République française, en souhaitant notamment « des décisions en matière d’énergie » qui aboutiront à des propositions fin mars lors d’un prochain sommet. Il a aussi appelé à « des décisions en matière de défense » avec « vraisemblablement un conseil exceptionnel » sur ce dossier en mai. La guerre déclenchée par Vladimir Poutine a souligné le manque de capacités militaires européennes, les 27 États membres ayant très largement réduit leurs budgets depuis la fin de la guerre froide.
L’invasion russe a également mis en lumière l’extrême dépendance de l’UE envers le gaz importé de Russie, qui représente 40 % de sa consommation et limite sa capacité d’action contre Moscou. Même si elle a adopté un paquet de sanctions inédit, l’Europe continue de financer la Russie par ses achats énergétiques dont elle est incapable de se priver à très court terme. Cette dépendance menace aussi son économie qui doit se consolider après avoir déjà subi le choc historique de la pandémie de Covid-19. Le sommet ne devrait pas accoucher de décisions, mais plutôt fixer des orientations politiques qui seront mises en œuvre dans les mois à venir. Selon un projet de conclusions, les 27, qui réaffirment le rôle clé de l’Otan, vont souligner leur volonté d’investir « plus et mieux dans les capacités militaires », alors qu’une stratégie de défense doit être publiée avant la fin du mois.