Dans un champ au pied du mont Saint-Michel, Éric Zemmour a exalté samedi la « puissance » et les valeurs chrétiennes de la France après avoir présenté sa nouvelle recrue (Nicolas Bay) venue du RN, alors qu’Emmanuel Macron a reçu le soutien de l’ex-ministre socialiste Marisol Touraine. Au lendemain des réunions publiques de ses rivales Valérie Pécresse et Marine Le Pen, le candidat d’extrême droite était le seul prétendant à l’Elysée à tenir un meeting samedi pour une mise en scène savamment orchestrée devant ce qu’il a appelé le « rocher le plus célèbre de France », « haut-lieu de notre mémoire nationale ». A 50 jours de la présidentielle, les trois concurrents à droite sont à touche-touche dans les sondages, autour de 15%, loin cependant derrière Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat, qui ne s’est toujours pas déclaré sur fond de crise aiguë en Ukraine, a reçu samedi l’appui de l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine. (Dessin du 19 février)
Dans un entretien au Parisien, la socialiste estime qu’Emmanuel Macron représente « le vote utile et responsable » ainsi que le meilleur rempart face à une « extrême droite très forte ». Elle dit soutenir le chef de l’Etat pour « que les idées venues de la gauche puissent être davantage entendues », alors qu’Emmanuel Macron se voit souvent reprocher d’avoir surtout chercher à s’attirer les faveurs de la droite. Sans vouloir entrer « dans du Hidalgo bashing », Marisol Touraine estime que « le PS n’a pas su utiliser les cinq dernières années pour rebondir et porter des idées neuves ». Pendant ce temps, la lutte est toujours aussi féroce à l’extrême droite entre Marine Le Pen et Eric Zemmour. En hausse dans les derniers sondages, l’ex-polémiste continue à faire son marché dans les rayons du Rassemblement national où il a déjà recruté quatre eurodéputés et son unique sénateur. – « Le néant » – Dernière prise de guerre en date: l’eurodéputé Nicolas Bay, parti avec fracas cette semaine du RN auquel il a reproché des « dérives sectaires ».
Le parti, en retour, l’a accusé de « sabotage » et d’espionnage, ce qu’il nie. Ouvrant le meeting d’Eric Zemmour samedi au bord de la D275 en face d’une biscuiterie, M. Bay a confié son « émotion » en ce « premier jour d’une nouvelle vie politique » et assuré d’emblée qu’on « ne remplace pas les Français » car « les « Français sont irremplaçables ». Accueilli par un millier de sympathisants agitant des drapeaux tricolores, M. Bay a vu dans le mont Saint-Michel le « symbole de la France éternelle qui ne veut pas mourir », alors qu’elle est « menacée par l’immigration de masse, l’islam politique », mais aussi « l’État tentaculaire, bureaucratique et spoliateur ». Le thème a été repris par Eric Zemmour dans une longue digression sur Saint-Michel, « ange supérieur et ange militaire », pour dire que les nations avaient « elles aussi un combat spirituel à mener » pour défendre leur « âme », leur « identité » et leur « indépendance ».
« Toute ma vie, je combattrai cette vision de la France vassale, de la France valet, de la France marionnette », a-t-il souligné, estimant que la « puissance de la France » était en péril, à cause notamment d’Emmanuel Macron, seul rival politique qu’il ait cité samedi. « En 2017, la France a élu le néant et elle est tombée dedans », a-t-il lancé. – Taubira en appelle aux dons – L’ex-polémiste avait commencé sa journée normande par un rendez-vous matinal avec des pêcheurs de Port-en-Bessin pour évoquer l’impact du Brexit, les difficultés administratives et les éoliennes qu’il juge « laides » et « inutiles », sur terre comme au large. En redescendant d’un bateau baptisé « Le grand Charles », le candidat a lancé aux pêcheurs qu’ils étaient coincés entre « les Verts, des gauchistes extrémistes » et un gouvernement « technocratique ». Sur le quai, l’ancien élu FN de Bayeux, Serge Michelini, en est persuadé: « Si Monsieur Zemmour n’est pas élu, il n’y a plus de France. »