Jean Castex a demandé que « tout le monde joue le jeu » de la relance, notamment les entreprises qui doivent s’engager « fortement pour l’emploi », dans une interview au Figaro mercredi soir, à la veille de détailler un plan de 100 milliards d’euros. « Nous investissons fortement pour soutenir les entreprises, mais nous attendons d’elles qu’elles s’engagent fortement pour l’emploi, notamment des jeunes », a déclaré le Premier ministre, interrogé par le quotidien sur les contreparties attendues à l’effort consenti par l’État.
« Le plan ne produira son plein effet que si tout le monde joue le jeu », a insisté Jean Castex. Le patron de la CFDT, Laurent Berger, avait appelé lundi, dans une tribune au Monde, à instaurer une « conditionnalité » aux aides publiques envers les entreprises, qui doit faire « bouger leur comportement ».
Le chef du gouvernement présente officiellement jeudi le plan de relance de 100 milliards d’euros destiné à faire face aux conséquences de l’épidémie de coronavirus, dont une récession de 11 % prévue cette année. Celui-ci comprend notamment 20 milliards de baisse d’impôts de production payés par les entreprises, soit 10 milliards en 2021 et 10 autres en 2022. « Cette mesure est majeure notamment pour protéger notre industrie », a justifié Jean Castex, qui y voit un moyen d’améliorer la compétitivité.
Pour les syndicats, l’Etat ne doit pas signer des chèques en blanc. CFDT, CGT et Unsa regrettent l’absence de contreparties demandées aux entreprises qui bénéficieront des aides publiques. « Ces dernières devront être exemplaires et jouer le jeu de l’emploi », prévient Laurent Escure de l’Unsa. Autre carton rouge : le soutien au pouvoir d’achat, notamment des plus précaires, grand oublié d’un plan très orienté sur la politique de l’offre. Des griefs également pointés par les socialistes, les insoumis et le groupe Ecologie démocratie solidarité qui rassemble des anciens députés de la République en marche.
Le patronat, lui, se félicite de la suppression progressive d’une partie des impôts de production qui va renforcer la compétitivité des entreprises, les aides à la relocalisation et en faveur de l’emploi des jeunes. Léger bémol toutefois de la CPME qui se montrera « vigilante » afin que les TPE-PME bénéficient pleinement de ces nouveaux moyens. Reste qu’il faudra se montrer patient avant d’en voir la couleur. Car près de 40% de l’enveloppe sera financée par des fonds européens… non encore votés.