Sitôt les résultats annoncé, l’opposant Alexeï Navalny a dénoncé un « énorme mensonge », destiné à perpétuer la mainmise de Vladimir Poutine sur le pays. La Russie a adopté mercredi 1er juillet la vaste révision constitutionnelle autorisant son actuel président à se maintenir au Kremlin jusqu’en 2036. Les Russes ont validé à 74,1% ce bloc d’amendements qui, outre la question des mandats de Vladimir Poutine, introduisent aussi ses principes conservateurs dans la Constitution, selon des résultats encore partiels diffusés mercredi par la Commission électorale centrale. La participation tournait, quant à elle, autour de 65%.
Le doute n’a jamais pesé quant à l’issue du scrutin : la réforme a été approuvée par le législateur en début d’année et le nouveau texte de la Constitution est déjà en vente dans les librairies. Le scrutin, prévu à l’origine pour avril, a été repoussé à cause de la pandémie de Covid-19. Pour éviter une trop forte affluence dans les bureaux de vote, il s’est déroulé sur une semaine et les électeurs devaient se munir de masques de protection et de gants. Amendement le plus controversé : celui accordant à Vladimir Poutine l’option de deux mandats supplémentaires à l’issue de l’actuel en 2024. Une nécessité selon lui, car la classe politique ne doit pas se perdre dans « une quête de successeurs potentiels ». Ce changement lui permettrait de rester au Kremlin jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans. D’autres amendements renforcent certaines prérogatives présidentielles.
La révision introduit aussi dans la Constitution des principes conservateurs chers au président, tels que la foi en Dieu, le mariage réservé aux hétérosexuels, ou encore l’enseignement patriotique. Des garanties sociales, comme l’indexation des retraites, intègrent également le texte. Les détracteurs de Vladimir Poutine, notamment l’opposant Alexeï Navalny, jugent que le référendum n’a d’autre but que de lui garantir « une présidence à vie » et que les autres mesures ont visé à faire aller les Russes aux urnes.
Ce vote est intervenu sur fond de baisse de la popularité du président russe à cause d’une réforme des retraites décriée et de la crise du Covid-19. De mai 2018 à juin 2020, le taux d’approbation de sa politique mesuré par l’institut indépendant Levada est descendu de 79% à 60%. Selon les critiques du Kremlin, le pouvoir a multiplié les ruses pour s’assurer un succès retentissant et une participation électorale forte au scrutin.