Syndicats et patronat se sont succédé à Matignon lundi pour discuter de la réforme des retraites, d’autres entretiens devant suivre mardi, sans grand espoir de compromis avant la grève du 5 décembre, tandis que le gouvernement est convoqué en séminaire dimanche pour préparer l’épreuve de force. A dix jours de la date fatidique, Matignon voulait « faire un point sur l’ensemble de la réforme » avec les partenaires sociaux et montrer que « le dialogue social continue ».
Mais depuis quelques jours, l’exécutif a durci le ton en ciblant les régimes spéciaux, fers de lance d’une grève interprofessionnelle qui s’annonce très suivie dans les services publics. Des statuts « d’une autre époque », a jugé Emmanuel Macron, quand la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, a pointé « des revendications très corporatistes », et que le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a dénoncé « une mobilisation pour conserver des inégalités ».
Une posture de fermeté qu’a peu apprécié la CFDT, seule grande centrale syndicale favorable au « système universel » promis par le chef de l’Etat pour remplacer les 42 régimes existants. « Il est de la responsabilité du gouvernement de ne pas créer l’affrontement », a mis en garde son secrétaire général, Laurent Berger, déplorant d’avoir « perdu beaucoup de temps » à cause des « tergiversations » du pouvoir.
Un reproche également formulé par l’Unsa, qui aurait préféré que des décisions soient « posées pendant le mois de novembre, (ce) qui aurait permis de rassurer les secteurs les plus inquiets », où « la colère est en train de s’enkyster », a déclaré son secrétaire général, Laurent Escure. Prêt à négocier « jusqu’au bout », il a espéré « que des arbitrages seraient rendus le plus vite possible », estimant que « si c’est après le 5, on sera dans un zone de danger ».