« Face au terrorisme islamiste, nous mènerons le combat sans relâche ». La mine grave, Emmanuel Macron a appelé mardi « la nation toute entière » à faire face à « l’hydre islamiste« , lors de son discours en hommage aux victimes de l’attaque de la préfecture de police de Paris. D’un ton martial, le président a appelé « chaque citoyen » à « un regain de vigilance et de civisme » pour « savoir repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi, les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement d’avec les valeurs de la République. »
Des précautions censées mieux permettre de détecter les signes de la radicalisation au sein de la population, à en croire le chef de l’État. En effet, jeudi 3 octobre, Mickaël Harpon, un informaticien radicalisé travaillant à la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris, a fait quatre victimes parmi les forces de l’ordre, lors d’une attaque au couteau. Ce dernier avait pourtant fait l’objet d’alertes de ses collègues de travail, notamment lorsqu’il avait approuvé devant eux l’attentat contre Charlie Hebdo. Mais aucun signalement n’avait été inscrit dans son dossier administratif, a affirmé dimanche le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.
Cet appel à la « vigilance » de tous les Français ne convainc en tout cas pas Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des questions de sécurité et de police. « Ce discours d’Emmanuel Macron est très surprenant. La radicalisation est un concept bien trop délicat à définir pour demander aux citoyens d’y faire attention », souligne-t-il, contacté par nos soins. Pour le chercheur, il existe en effet un risque majeur de sur-interprétation au sein de la population. « Les citoyens ne sauraient pas quoi regarder, ils n’ont pas les compétences pour le faire. Si quelqu’un ne se rase pas la barbe ou ne salue pas une femme, il pourrait faire l’objet d’un signalement ? », s’interroge-t-il.