Voilà plusieurs semaines que la France se prépare à la mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi 5 décembre, qui s’annonce suivie et massive. La journée sera noire, notamment dans les transports. Cheminots, enseignants, étudiants, policiers, avocats s’apprêtent à se mobiliser aux côtés des syndicats et des partis d’opposition. Plusieurs appels à rejoindre le cortège ont été lancés par des groupes de « gilets jaunes ». Les syndicats opposés au futur « système universel » de retraites, censé remplacer les 42 régimes existants, vont-ils « rejouer 1995 » et ses trois semaines de grève contre la réforme des régimes spéciaux ?
Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a annoncé que 245 rassemblements et manifestations avaient été déclarés dans toute la France. « Nous savons qu’il y aura beaucoup de monde dans les manifestations et nous connaissons les risques », a-t-il dit sur BFM-TV. « Nous nous préparons. J’ai demandé aux préfets dans chaque département, et au préfet de police à Paris, de préparer des dispositifs qui permettront d’intervenir rapidement si jamais certains veulent venir pour casser. »
Le ministre s’attend à la présence de « black blocs » et de « gilets jaunes radicaux » dans les cortèges, « quelques centaines » à Paris et « peut-être quelques milliers sur l’ensemble du territoire national ». Des figures médiatiques du mouvement, comme Eric Drouet, Priscillia Ludosky et « Fly Rider », ont appelé à rejoindre la mobilisation. La Préfecture de police de Paris a d’ailleurs décidé de la fermeture de tous les commerces présents sur le parcours de la manifestation parisienne, ainsi que de l’interdiction de « tout rassemblement de personnes se revendiquant des “gilets jaunes” » sur « les Champs-Elysées, dans un périmètre comprenant l’Elysée et le ministère de l’intérieur et dans les secteurs de l’Assemblée nationale, l’Hôtel de Matignon et la cathédrale Notre-Dame-de-Paris ».
Les syndicats des cheminots, qui appellent à un mouvement illimité, promettent une démonstration de force, au moins pour la journée du 5 décembre, qui s’annonce éprouvante pour les usagers du rail, et probablement au-delà. Au siège de la SNCF, on estime ainsi que le mouvement devrait durer jusqu’au 12 décembre, date à laquelle le premier ministre, Edouard Philippe, pourrait préciser le projet attendu au Parlement début 2020. D’après la compagnie ferroviaire, 90 % des TGV et 80 % des TER seront annulés jeudi, quand la RATP annonce un trafic « extrêmement perturbé » avec 11 lignes de métro fermées, plus que lors de la précédente grève, qui avait quasiment paralysé la capitale le 13 septembre. Mercredi, à 17 heures, elle doit affiner ses prévisions, avec les horaires des départs prévus pour le lendemain. Elle fera de même tous les jours de grève à venir, également à 17 heures.
Le taux de grève dans les écoles maternelles et élémentaires, selon le ministère de l’éducation nationale, atteindrait 55 % sur l’ensemble de la France et 78 % à Paris. Le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire dans le premier degré, annonce un taux de grévistes de 70 % dans les écoles. Les usagers des transports urbains des villes françaises hors de l’Ile-de-France risquent d’être, eux aussi, fortement gênés par des grèves des personnels des réseaux locaux de bus, tramways et métros. « En régions, le taux de salariés qui se sont déclarés grévistes est de 30 à 35 % en moyenne », a déclaré mercredi 4 décembre, Thierry Mallet, le PDG de Transdev et président de l’Union du transport public, le syndicat patronal du secteur.