Emmanuel Macron s’apprête sans doute à prononcer l’allocution la plus importante depuis qu’il est entré à l’Elysée. Alors qu’une partie du pays est bloquée depuis trois semaines par le mouvement des Gilets jaunes, que chaque samedi, les manifestations violentes se succèdent à Paris et en province, le président va devoir trouver les mots pour tenter d’apaiser la colère et trouver une issue à la crise. Pour cela, il lui faudra « retisser l’unité nationale », selon les mots d’Edouard Philippe samedi soir. Et ce ne sera sûrement pas facile.
Depuis des semaines, le chef de l’Etat cristallise la colère de ces manifestants qui expriment leur ras-le-bol fiscal et leurs problèmes de fin de mois, qui se sentent méprisés et réclament qu’on les écoute. Car pour les « Gaulois réfractaires » qui se sont engagés dans cette fronde populaire inédite, c’est bien le chef de l’Etat qui est directement mis en cause à la fois pour les décisions prises depuis son arrivée à l’Elysée et la façon dont il exerce sa fonction.
Même si,ce dimanche, de nombreux ministres sont montés au créneau dans les médias pour défendre la nécessité du dialogue et l’action du gouvernement, c’est désormais au chef de l’Etat de revenir en première ligne. Alain Juppé l’appelle à « répondre concrètement à certaines attentes légitimes ». « Il faut que le président parle vite, qu’il annonce des mesures fortes dans un langage compréhensible des Français », insiste l’ancien Premier ministre, qui est très remonté après les dégradations causées par la manifestation de samedi, dans sa ville de Bordeaux.
Sommé de répondre aux attentes, le président a d’abord choisi de parler à l’ensemble des Français, ceux qui manifestent et ceux qui ne manifestent pas. Il devra ensuite renouer le dialogue et trouver des interlocuteurs parmi ces Gilets jaunes, dont beaucoup dans les manifestations réclament toujours sa démission. La semaine dernière, l’annonce que la hausse de la taxe sur les carburants pour 2019 serait annulée avait été considérée comme très insuffisante, même si cela avait fait redescendre la pression et permis un début de désescalade. Ces derniers jours, Emmanuel Macron semble avoir pris la mesure de la colère qui gronde. Et être décidé à y répondre. Reste à trouver comment. Car les manifestants ne quitteront pas si facilement leur ronds-points…