« Avantage Macron » barre la une de Sud-Ouest, « Macron domine, Le Pen tient le choc« , résume Le Figaro, jeudi 21 avril. Au lendemain du débat d’entre-deux-tours entre le président sortant et la candidate du Rassemblement national, la presse accorde un léger avantage à Emmanuel Macron, même si les deux candidats ont pu, selon les journaux, présenter deux visions de la France dans un climat plus serein qu’en 2017. Les médias soulignent la bonne tenue des échanges, contrastant avec le dernier duel entre les deux candidats, en 2017, où Marine Le Pen était passée à côté de l’exercice. Mais l’éditorialiste du Figaro, Vincent Trémolet de Villers, pointe « une légitimité acquise et persistante d’Emmanuel Macron ». « Pas de jeux du cirque, pas de provocations de la part de Marine Le Pen, ni de suffisance excessive de la part d’Emmanuel Macron, malgré un ‘Vous dites n’importe quoi !' » relève de son côté Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées, accordant lui aussi un bon point au chef de l’Etat sortant pour sa « technicité ».
Pour Le Monde, « Marine Le Pen a donné le sentiment de ne jamais parvenir à se replacer sur la ligne de départ quand son adversaire, pugnace, luttait pour ne pas pécher par excès de confiance ». Et le journal du soir de comparer le chef de l’Etat à un « boa constrictor » qui « a semblé resserrer peu à peu son opposante jusqu’à ce qu’elle étouffe ». Les trois heures d’échanges ont donné lieu à de nombreuses piques. Le Parisien/Aujourd’hui en France retient celle d’Emmanuel Macron : « Quand vous parlez à Poutine, vous parlez à votre banquier », pour appuyer son titre de une « Macron à l’attaque, Le Pen en défense ». « Cinq ans après leur premier duel, le scénario s’est inversé mais le résultat est le même. Le président sortant l’emporte haut la main. Pour la seconde fois », analyse Cécile Cornudet dans Les Echos, estimant qu’Emmanuel Macron a « déchiqueté » le projet de la candidate du Rassemblement national.
Tout le monde avait en mémoire une Marine Le Pen fatiguée et perdue dans ses fiches en 2017. Elle « s’en est nettement mieux sortie. Mais elle n’a pas renversé la table : son adversaire n’a pas perdu le match », juge Patrice Chabanet dans le Journal de la Haute-Marne. Libération se montre plus sévère. « Toujours pas à la hauteur », titre le quotidien de gauche sur une photo en gros plan de Marine Le Pen, regard dans le vide. « Contradictoire et floue dans bien des domaines, Marine Le Pen, combative et modérée, a montré les limites de l’exercice », abonde Olivier Biscaye dans Midi Libre, jugeant qu’Emmanuel Macron « un tantinet certain de son fait » mais « offensif et précis », a « gagné cette première manche » avant le vote de dimanche.
Aucun des deux candidats ne l’a toutefois emporté par KO, estime la presse. Le président-candidat a tiré « surtout des balles à blanc », souligne Michel Klekowicki dans le Républicain Lorrain, tandis que Marine Le Pen s’est montrée « policée » selon La Voix du Nord. « Merci pour ce moment », ose Frédéric Vézard dans son édito pour les Dernières Nouvelles d’Alsace, content d’avoir assisté à un « débat limpide » où « deux visions de la France se sont confrontées à ciel ouvert ». Son confrère Laurent Bodin dépeint dans L’Alsace un moment « long et dense, un peu ennuyeux au démarrage sur le pouvoir d’achat mais, au final, instructif, à défaut d’être véritablement passionnant ».
Comme ce couple installé devant son poste de télévision à la une de Ouest France, les Français ont assisté à « deux visions si opposées », titre le quotidien. Le débat a réussi sa mission de poser les antagonismes et de souligner les lignes de partage entre les deux candidats. « Les deux France » (Corse Matin) ou « Tout les oppose » (L’Union et L’Ardennais) s’imposent alors dans la presse régionale, souvent contrainte par une heure de bouclage antérieure à la fin de l’émission.
Transformer l’élection des députés en celle du Premier ministre. C’est la manœuvre qu’a tenté de réaliser Jean-Luc Mélenchon, ce mardi 19 avril, sur BFMTV, à propos des élections législatives. Interrogé par le journaliste Bruce Toussaint, le troisième homme de l’élection présidentielle a déclaré: « Je demande aux Français de m’élire Premier ministre ». Décrivant les législatives comme un « troisième tour », le représentant de la première force politique de gauche a ainsi présenté l’élection des députés comme un moyen, pour parvenir à une fin: son « élection » à la tête du gouvernement. En effet, la coutume politique de la Ve République exige qu’un président minoritaire à l’Assemblée nationale nomme un Premier ministre issu de la majorité parlementaire: c’est la cohabitation (voir encadré en fin d’article). Mais présenter les législatives comme une « élection » du Premier Ministre est une première, et comprend sa part de risques.