Elles continuent de travailler, discrètement avec dévouement en cette période de crise sanitaire, l’une d’elles a accepté de répondre à nos questions.
Comment vivez-vous la situation actuelle, vous qui continuez à travailler ?
Au début de la crise sanitaire nos directions nous ont dit que seuls les malades devaient porter le masque, mais, comme tous les Français j’ai vu récemment à la télévision Mr MACRON en visite dans l’hôpital de campagne à Mulhouse porter un masque FFP2 : Mr MACRON serait-il malade ???
Sans faire de sarcasme, ce masque aurait sans aucun doute été plus utile sur le nez d’un soignant !
Pour en revenir à nos aides à domicile, à l’ASSAD Chalon, nous avons eu 2 masques au début de la crise le 16 Mars avec pour consigne de les « user le plus possible et de rapporter l’usagé pour en avoir un autre ».
J’ai demandé des comptes à la chef de service qui m’a répondu que certaines filles pourraient « mettre les masques sur le nez de leur gamin et revenir en chercher d’autres » ce qui en dit long sur la considération que l’on a pour nous.
Comment se passent vos relations avec votre hiérarchie et au sein des instances représentatives et notamment le Conseil Social et Économique (C.S.E) de votre structure ?
Notre CSE doit sans cesse aller aux informations auprès de la direction.
Nous avons eu deux « réunions » téléphoniques les 16 et 20 mars (réunions que nous, CSE avons provoquées) puis un mail nous disant qu’il n’y aurait plus de réunion et que nous devions poser nos questions par mail, ce que nous avons fait lundi… Nous attendons réponse. Il est inadmissible que ce soit les salariées qui s’informent entre elles d’un bénéficiaire présentant les symptômes. Cette information doit être relayée par la direction afin de prendre des mesures de protection supplémentaires. Le CSE a soumis des impératifs à la direction concernant les bonnes pratiques dans un mail qui lui a été envoyé lundi 23 mars.
Quelle est la situation à Chalon et dans le reste du département pour vous et vos collègues ?
À l’ADMR Chalon une salariée s’est vue sommée de rester à la porte de sa structure et recevoir au vol une boîte de gants s’entendant crier « Pas de contact physique ! »
À Dommartin les Cuiseaux, personne n’arrive à joindre l’administration.
À Louhans comme partout, le manque récurrent de protections.
Enfin pour toutes ces collègues, qu’elles soient du département ou de toute la France, le sentiment d’être abandonnées à leur propre sort et continuer malgré tout à développer des trésors d’ingéniosité pour tenir le coup et faire tenir le coup nos personnes aidées éloignées de leur famille du fait du confinement et ne comprenant pas toujours ce qui se passe (la vieillesse a ses pathologies..)
Je suis horrifiée de voir le nombre de décès dans les EPHAD. Ceci est pour moi le résultat de la non-attribution de masques aux salariés.
Propos recueillis par Daniel Dériot