En cette période si particulière, Nicolas Royer, directeur, et toute l’équipe de l’Espace des Arts, avons envie de Promettre demain à toutes et tous !
Prenez soin de vous,
« Promettre demain
Si ce virus est couronné, il règne sur un bien triste royaume. Il est ce roi que le théâtre a si souvent joué, cet Ubu bedonnant qui porte sur le ventre la cible de sa bêtise, ce roi mourant que Ionesco a décrit ployant sous l’inutile fardeau du bric-à-brac dépareillé de ses richesses, ce Richard III shakespearien aux abois prêt à donner son royaume pour un cheval, ce roi sans divertissement que le roman de Giono acceptera de voir invité au banquet des acteurs.
Nos maisons de théâtre n’ont qu’une servante à lui offrir, cette maigre tige de métal flanquée d’une ampoule qui garde aujourd’hui nos plateaux vides. Ce rituel de la scène, ce petit tabernacle de nos superstitions de théâtre est notre façon de veiller et de promettre demain.
Qu’on ne s’y trompe pas, à cette faible lumière, trop pâle aujourd’hui pour éclairer un spectacle, il y aura de quoi allumer les plus grands feux : artifices colorés des costumes d’Arlequin qui servent toujours insolemment les maîtres, incendies des créations à venir crépitant de vos applaudissements retrouvés.
Voilà ce qui déjà manque à notre maison : votre présence impatiente, vos désirs d’être là, réunis pour assister, ensemble, aux fêtes de l’esprit que rien ne pourra jamais remplacer.
Nous les voulons brillantes, menées par des artistes échevelés et turbulents, par de grands maîtres qui sauront dire ce qu’ils nous faut apprendre de ce brusque aujourd’hui, par des danseurs vifs comme un regain de moisson, par des circassiens capables de défier la gravité de la situation, par des musiciens défiant par leur nombre symphonique les restrictions de rassemblement, par des chanteurs à la voix retrouvée, tout cela qu’aucun mur ne saura jamais longtemps enfermer, qu’aucun couvre-feu ne pourra très longtemps empêcher de sortir dans la rue.
Alors la grande rotonde de l’Espace des Arts sera à nouveau brillamment éclairée, la place s’animera de vos pas revenus et notre servante, fatiguée d’avoir trop veillé, regagnera les coulisses où patientent déjà les acteurs qui s’apprêtent à entrer en scène.
C’est ce demain là que nous souhaitons vous promettre et je sais que vous nous reviendrez comme on vient à un rendez-vous amoureux, le cœur battant et le cœur étourdi d’attentes.
Nous serons là. Tous. Et ce sera joyeux et impertinent.
Nicolas Royer, directeur, et toute l’équipe de l’Espace des Arts »
