La classe politique marseillaise a affiché son unité, jeudi matin, face à la décision du gouvernement imposant depuis mercredi soir la fermeture entre 23 heures et 6 heures des bars, restaurants et commerces d’alimentation générale dans toutes les Bouches-du-Rhône. La rupture a été signifiée au cours d’une conférence de presse conjointe de la maire gauche-écologie de Marseille, Michèle Rubirola, et de la présidente LR de la métropole et du département, Martine Vassal, à la même heure que celle de Jean Castex à Paris. Et quelques heures avant la visite du ministre de la Santé, Olivier Véran, dans la Cité phocéenne. Une démarche spectaculaire tant la dernière campagne des municipales a été violente entre les deux femmes. Le cadre n’était pas neutre non plus, en l’occurrence l’amphithéâtre de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, en présence du professeur Didier Raoult.

L’infectiologue a ouvert le bal avec les dernières statistiques sur l’évolution de la pandémie, annonçant au passage que l’IHU venait de passer à 3000 tests par jour. Parmi les multiples données recensées, la provenance des malades est intéressante: selon le Didier Raoult, 60 % des cas positifs jusqu’à la mi-août n’habitaient pas la région. Autre argument avancé par le patron de l’IHU: à population égale, les statistiques placeraient Paris nettement plus dans le rouge que Marseille et les Bouches-du-Rhône. Le nombre de patients admis en réanimation est de 24,6 % dans la capitale contre 10,1 % dans la Cité phocéenne. Le nombre de décès liés au Covid y serait également plus élevé, assure Raoult: 72 contre 39.

Les politiques ont ensuite embrayé dénonçant le «deux poids deux mesures» entre Paris et Marseille et la partialité du gouvernement. Sortant de son texte, Michèle Rubirola a pointé la méthode Castex: «Le gouvernement a décidé depuis Paris de ce qui serait bon pour notre ville, sans engager le dialogue nécessaire avec les élus, et surtout sans nous donner les moyens de faire respecter les décisions qui sont les siennes.» Martine Vassal a fait bloc avec son ancienne adversaire à la mairie, soulignant que l’on peut avoir des différences politiques marquées mais que «dans les moments difficiles, il faut savoir se serrer les coudes». La présidente du département a également regretté «le manque de concertation» avec le gouvernement et évoqué les petites communes où le virus ne circule pas. «Cette décision aura des conséquences sur l’emploi et le chiffre d’affaires des restaurants privés du second service», a-t-elle averti. Et de conclure sur les milliers de touristes accueillis avec succès durant l’été, dans le respect strict des règles sanitaires. «Mais à Marseille, rien n’y fait, on est toujours montrés comme les mauvais petits canards…»

Le port du masque obligatoire en revanche ne fait pas débat. Mairie, métropole et département lancent une campagne de communication commune – là encore une première – sur la nécessité de le porter. Les masques seront distribués par milliers aux écoliers, collégiens et lycéens à l’occasion de la rentrée scolaire.

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