“Godillot, nm. Parlementaire inconditionnel d’un homme ou d’un parti politique, qui vote sans discuter”. Voilà comment l’édition en ligne du dictionnaire Larousse définit ce mot, sans toutefois le féminiser, qui date de l’époque napoléonienne et qui se réfère, à l’origine, aux chaussures portées par les soldats de l’empereur, toutes identiques et pratiques afin d’obéir au mieux aux ordres militaires. Depuis le général de Gaulle et les années 1960, l’expression familière est utilisée pour parler des parlementaires du groupe majoritaire qui obéissent à l’exécutif au doigt et à l’œil, sans remettre en cause les textes qui leur sont soumis.

Soixante ans plus tard, la pratique est toujours la même, mais le mot s’est adapté à l’époque. “Ce sont les députés Playmobil”, pestent régulièrement dans les couloirs de l’Assemblée nationale les députés de l’opposition à l’encontre de leurs collègues du groupe En Marche. “C’est une taquinerie. Ça veut dire qu’ils sont tous identiques, reconnaît Alexis Corbière, député de La France insoumise, On leur dit de voter contre, ils votent contre; le Président de la République dit de voter pour, ils votent pour”, moque l’élu de Seine-Saint-Denis, en référence à la polémique sur le congé pour parents endeuillés qui a fait l’objet le week-end du 1er février d’un immense rétropédalage imposé par Emmanuel Macron.

Le député du Nord s’étonne encore du manque d’écoute de la majorité sur ce texte pourtant si consensuel. “Je suis allé à côté de la ministre pour lui dire ‘attention, vous allez en prendre plein la figure’. Elle m’a regardé sans me répondre. Et en plus on les prévient!”, semble se désespérer ce représentant de l’Ancien Monde, 75 ans, passé par la case maire et conseiller départemental avant d’être élu à l’Assemblée nationale en 2017.

Ils n’étaient pas nombreux, ce dimanche 2 décembre, au sein de la majorité, à se presser pour répondre au téléphone sur ce gigantesque couac qui rappelle, à certains égards, leur paralysie au moment de l’affaire Benalla et leur inexpérience qui avaient conduit deux poids lourds du monde ancien, Christian Jacob et Jean-Luc Mélenchon à prendre en étau un bataillon de députés LREM pour réussir à les faire céder et à reporter le projet de loi sur les institutions en juillet 2018 qui n’a toujours pas été reprogrammé depuis.

“C’est mécanique, ils votent mécaniquement”, abonde Guy Bricout, en référence aux personnages pour enfants dont le bras se lève et se baisse sans pouvoir se courber. “En commission, ils lèvent la main sans avoir écouté et adoptent la position du groupe, comme des automates”, décrit toujours le député UDI à l’origine de la proposition de loi visant à allonger le congé de 5 à 12 jours que les députés en Marche, appuyés par la ministre du Travail Muriel Pénicaud, ont rejeté jeudi 30 novembre à l’Assemblée nationale pour des motifs financiers avant de revenir en arrière après le tollé.

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