Vraie lassitude ou tintamarre savamment orchestré? Ce mercredi, durant le séminaire gouvernemental organisé par visioconférence, Emmanuel Macron a tenté de mettre un terme à la polémique autour du mot « ensauvagement ». Un terme connoté, très prisé par l’extrême droite, utilisé à dessein par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour décrire la situation que traverse le pays en matière de sécurité.
Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, ainsi que sa collègue Barbara Pompili, ont exprimé leur inconfort avec ce vocabulaire musclé. Selon le chef de l’État, ce genre de querelle stérile fait dévier les ministres de leur mission. « Vous devez être les relais de terrain de l’action gouvernementale et ne pas créer de polémiques », a-t-il cinglé selon des témoins qui ont confirmé le propos auprès de BFMTV. D’après Le Monde, le président de la République a demandé au gouvernement d’être avant tout « à l’offensive pour la relance économique ». « L’actualité est déjà assez dense pour donner du grain à moudre à l’opposition », aurait-il poursuivi.
Rappelons que lors de son déplacement à Clermont-Ferrand mardi, Emmanuel Macron s’était agacé de cette polémique devant les journalistes qui, a-t-il sous-entendu, avait « fait le Kama-sutra de l’ensauvagement depuis quinze jours ».
« J’ai déjà répondu dix fois à ce truc-là. Ce qui m’importe, ce sont les actes, pas les mots (…). Prévenir, arrêter, sanctionner, corriger et donc répondre à la réalité. Ce qui m’importe, c’est le réel! Demandez aux gens! Les gens, ils n’en ont rien à faire. Ils veulent qu’on règle leurs problèmes. Et nous, on est là pour régler leurs problèmes », a-t-il enchaîné. En attendant, les sondages affirmant que les Français sont majoritaires à donner crédit au mot « ensauvagement » pour décrire l’état de la société se multiplient. Le président clôt donc la polémique, tout en ayant laissé son ministre de l’Intérieur assumer un terme certes clivant, mais qui semble faire mouche. Pratique.