Il y avait Grenoble, il y aura désormais Lyon, Bordeaux, Strasbourg, et même Besançon, Annecy ou encore Poitiers et Tours. En remportant le scrutin dans une quinzaine de villes, le mouvement Europe Ecologie-Les Verts apparaît comme le grand gagnant du second tour des municipales. « Une espérance autour d’un beau projet », « une vague verte » qui « se lève en France », ont ainsi répété sourire jusqu’aux oreilles, les cadres EELV sur les plateaux télés, dimanche 28 juin, pour saluer des résultats d’ores et déjà historiques.
C’est « une vraie victoire », analyse Vanessa Jérôme, spécialiste de l’écologie politique en France. « Jusque-là, les Verts n’avaient jamais gagné de vraies grandes villes, rappelle la sociologue. Il y avait Eric Piolle à Grenoble et il y avait eu Dominique Voynet à Montreuil, c’est tout. Là, c’est quand même autre chose. » « Gagner à Strasbourg, Bordeaux, Lyon, ce n’est pas rien », confirme Simon Persico, enseignant-chercheur en science politique.
Avec 13,47% des votes aux dernières européennes, soit plus de trois millions de voix, la liste d’Europe Ecologie-Les Verts était arrivée troisième au niveau national, devenant ainsi la première force de gauche et le parti en tête chez les électeurs de 18 à 24 ans, rappelle Le Figaro. Pas moins de 45% des électeurs de villes de plus de 10 000 habitants se disaient prêts, début février, à voter aux municipales pour une liste soutenue par EELV, d’après un sondage Harris Interactive et Agence Epoka pour TF1-LCI et RTL. Ils n’étaient que 29% de Français à l’envisager avant les élections européennes.
Il y a trois mois, les écologistes avaient déjà créé la surprise en arrivant en tête à Lyon (28,5%), Besançon (31,2%) ou Strasbourg (27,87%) lors du premier tour. A Grenoble, le maire sortant, Eric Piolle, caracolait déjà en tête, avec 46,67% des voix. « A un moment où la transition écologique est vue comme une évidence. La crise du Covid est aussi évidemment passée par là. Des électeurs ont ouvert les yeux et se sont sentis concernés par les enjeux qui pouvaient jusque-là leur paraître éloignés. » Les européennes, les municipales… Scrutin après scrutin, le mouvement écologiste continue donc à tracer sa route, alors que se profilent les régionales l’an prochain, puis la présidentielle en 2022. « Les prochaines semaines vont être intéressantes à scruter, indique Vincent Tiberj, chercheur en sociologie électorale et professeur à Sciences Po Bordeaux. Gagner, c’est bien, mais savoir gouverner, c’est mieux. Les voilà à l’épreuve du pouvoir, le plus dur commence pour eux. C’est un très gros défi qui les attend, leur moindre décision sera scrutée. Un manque d’expérience, des budgets conséquents à gérer, des ressources organisationnelles plus limitées que d’autres partis, des maires parfois inconnus du grand public… La pression est clairement sur leurs épaules. »