Emmanuel Macron a fait part mercredi au roi Salman d’Arabie saoudite de sa « profonde indignation » après la mort du journaliste Jamal Khashoggi et a ouvert la voie à des « sanctions internationales contre les coupables » de ce crime. Reconnue par Ryad, la mort de cet éditorialiste le 2 octobre dernier au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul a soulevé une vague d’émotion internationale tout en suscitant l’embarras des partenaires du royaume wahhabite.
Ryad a assuré qu’il s’agissait d’une « opération non autorisée » par le pouvoir saoudien et que le nouvel homme fort du royaume, le prince héritier Mohammed Ben Salman, dit « MBS », n’en avait pas été informé – des explications accueillies avec scepticisme par plusieurs gouvernements occidentaux.
Emmanuel Macron a appelé le roi Salman pour lui demander que « toute la lumière soit faite sur les circonstances ayant conduit à ce drame », invoquant « la défense de la liberté d’expression, de la liberté de presse et des libertés publiques ». « La France n’hésitera pas à prendre, en lien avec ses partenaires, des sanctions internationales contre les coupables », ajoute l’Elysée dans le communiqué rendant compte de cet entretien.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau n’a, quant à lui, pas exclu l’annulation d’un contrat de près de 10 milliards d’euros pour la vente à Ryad de véhicules blindés légers et la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé la suspension des exportations d’armes. Berlin a par la suite appelé les autres pays européens à lui emboîter le pas pour accentuer la pression sur Ryad. Interrogé mardi en marge du salon de l’industrie de défense navale au Bourget, Emmanuel Macron avait refusé de se prononcer sur une éventuelle suspension des ventes d’armements français au royaume, estimant qu’il n’avait pas « à réagir à chaque fois qu’un dirigeant dit quelque chose ».