Ce samedi 6 avril, l’association Bien Vivre à Chalon (BVAC) a organisé une sortie « vers l’accessibilité » car à ses yeux « la ville doit être accessible à toutes et tous, quelles que soient les conditions physique ou psychique, le lieu de résidence, les revenus, l’âge, ou encore les moyens de déplacement ».
L’objectif, selon BVAC, est d’observer ce qui favorise ou fait obstacle à l’accès de tous et toutes à l’ensemble de la vie sociale, culturelle, économique.
« Pas de solutions toutes faites, mais de l’attention et du débat démocratique pour bâtir une ville inclusive ».
Rejoint par les associations « Vélo sur Saône », « Espace Pama » et « Acte », ainsi que par une vingtaine de Chalonnaises et Chalonnais, BVAC a rappelé, par la voix de Joëlle Daviet, les difficultés que peuvent rencontrer les personnes en situation de handicap, mais a également souligné le fait que l’accessibilité est une préoccupation qui touche toutes les mobilités. Le président de Vélo sur Saône, Jérôme Rémy, a partagé avec l’ensemble du groupe les problèmes que rencontrent les cyclistes sur les quais du centre-ville récemment réaménagés.
Le rendez-vous avait lieu devant la mairie de Chalon où le groupe, guidé par Marc Bruneau, membre de BVAC, a pu voir que, si le bâtiment est accessible par un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite, il y a encore des progrès à faire : comment se faire connaître à l’accueil quand on est assis dans un fauteuil roulant et que votre tête atteint tout juste le niveau de la banque d’accueil par exemple. Confronté à la sortie à la panne de l’ascenseur, le groupe a dû faire descendre un des deux fauteuils roulants par les escaliers, chacun se rendant alors bien compte que la moindre défaillance peut devenir vraiment problématique !
La promenade s’est continuée par la rue au change où les commerces se sont adaptés en s’équipant de rampe, de sonnettes et autres dispositifs pour permettre l’accessibilité mais en oubliant parfois qu’une personne mal voyante peut percuter les étals situés trop près des accès. BVAC note que la rue pavée avec une travée centrale peut être inconfortable pour un fauteuil ou un déambulateur …
Chemin faisant, Bien Vivre A Chalon a pensé aux enfants et est passé par l’aire de jeu de la place du Châtelet. Si un enfant en fauteuil peut y entrer, il ne pourra pas y jouer, le plan incliné étant barré par un arbre et les accès à la maisonnette n’étant manifestement pas assez large pour permettre l’accès au fauteuil. Quant à un enfant déficient visuel, s’il peut accéder à l’aire et aux jeux, des petits plots sur le passage peuvent s’avérer dangereux pour lui.
A ce stade, Marie Caroline Brazey, artiste dont on peut retrouver les œuvres sur la page Facebook MC SOLAIRE, a montré comment elle avait pu détourner les signalétiques afin d’attirer l’attention sur les différences de façon ludique et humoristique, dans l’espace public.
La visite s’est poursuivie par les feux de signalisation rue du pont et les dispositifs à l’attention des personnes malvoyantes (feux sonores et bandes podotactiles), mais a pu constater le temps très restreint pour traverser. Un état des lieux des équipements chalonnais, de la prise en charge des télécommandes, du poids des démarches administratives et des difficultés rencontrées dans l’espace public par les personnes malvoyantes a été fait avec Denise Mastrolia, avant de passer au conflit d’usage des quais réaménagés avec l’intervention de Vélo sur Saône. Cette association a mis l’accent sur les informations à donner aux usagers, de façon claire, pour que le respect des différents usages, piétons, cyclistes ou trottinettes, sans compter les bus qui prennent en charge les touristes débarquant des bateaux de croisières, puissent se faire le plus facilement possible, sans danger, et de façon satisfaisante quel que soit l’usager.
L’accès à la culture n’est pas si simple non plus lorsque la mobilité est réduite. Il est pourtant indispensable que même souffrant d’un handicap, on puisse accéder, dans Chalon, ville de la photographie, au musée Niépce … Et pourtant, la collection permanente est située à l’étage et inaccessible à ce public sans l’aide d’un tiers. L’espace patrimoine est dotée d’une rampe d’accès mais la porte est infranchissable en fauteuil sans aide.
Que dire des loisirs ? Bien que l’office du tourisme soit labellisé « Tourisme et Handicap » souligne Georgette Courtemanche, et malgré la gentillesse et la bonne volonté du personnel, il n’est pas aisé de renseigner un touriste sur les loisirs accessibles par une personne en situation de handicap, faute d’informations suffisantes sur ce sujet. A titre d’exemple, il est important de permettre aux personnes en situation de handicap de savoir comment faire une balade sur la Saône : si on sait que l’accès est impossible du fait de la dénivellation entre le quai et le pont de l’embarcation, on peut anticiper l’accompagnement nécessaire.
La balade s’est terminée sur l’aire de jeux pour enfants nouvellement installée sur les quais. Accessibilité aux enfants en situation de handicap moteur, visuel, n’est pas simple, le parcours récréatif étant conçu pour des enfants parfaitement autonomes. Il reste de la place. Il est donc encore temps d’aménager cet espace pour que toutes et tous, valides ou en situation de handicap, puissent jouer ensemble.
Cette balade « Chemin Faisant » a permis à un certain nombre de Chalonnais et de Chalonnaises, de prendre conscience que nous pouvons vivre ensemble, avec nos différences, nos modes de vie : « Pas de solutions toutes faites, mais de l’attention et du débat démocratique pour bâtir une ville inclusive », pour Bien Vivre A Chalon.