La République en marche trébuche. Dans une campagne difficile, notamment contaminée par l’épidémie de coronavirus Covid-19, la majorité présidentielle a subi un revers électoral lors du premier tour des élections municipales, dimanche 15 mars. Dans une soirée électorale d’abord marquée par un débat sur la tenue ou non du second tour des élections, plusieurs responsables politiques n’ont pas manqué de noter la contre-performance de LREM. « On voit dans les résultats une sanction claire du gouvernement », a estimé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sur France 2.
« On a un certain nombre de nos candidats élus dès le premier tour et puis il y a des scores importants ailleurs », a tenté de relativiser le secrétaire d’Etat Gabriel Attal, dimanche soir sur France 2. « Et puis il y a des circonstances inédites, avec la crise du coronavirus, qui font que l’abstention a été forte », a ajouté Aurore Bergé, porte-parole de LREM à l’Assemblée. « Outre la montée de l’écologie, le scrutin montre les difficultés sérieuses de LREM au niveau national comme local », estime Richard Robert, historien des idées et éditeur du site Telos, joint par franceinfo. De fait, LREM est en difficulté dans de nombreuses villes. Le parti d’Emmanuel Macron est par exemple éliminé à Limoges, se retrouve en 3e position à Lille, Besançon, Rennes, Rouen, et même en 4e position à Perpignan. « LREM s’installe dans le paysage souvent en 3e position, mais enfin cela reste des scores de centristes, à l’évidence pas à la hauteur de leurs attentes », décrypte Richard Robert.
Dans certaines villes ciblées par la majorité, LREM apparaît en difficulté, comme à Paris où Agnès Buzyn arrive en 3e position avec 17,6%, à Bordeaux où Thomas Cazenave est distancé en 3e position avec 12,9% ou encore à Lyon où le candidat de Gérard Collomb, Yann Cucherat, est également en retard et en 3e position avec 14,9%, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et les chaînes parlementaires. « On connaît le côté légitimiste des élections municipales, avec une prime au sortant qui est très forte », analyse encore Richard Robert. Mais il y a quelque chose de très net dans ce scrutin : les maires sortants issus de la gauche qui se présentaient avec l’étiquette LREM subissent des revers, comme à Besançon. »
Dans des villes comme Lyon ou Besançon, les maires sortants LREM Gérard Collomb et Jean-Louis Fousseret ont tenté de transmettre leur héritage à un nouveau candidat. Mais dans les deux cas, la greffe se révèle difficile. Yann Cucherat est en 3e position à Lyon avec 14,8% et Eric Alauzet également avec 18,5%. « Dès lors qu’on tente de transmettre l’héritage de LREM, il se désagrège. Dans ces villes, la bascule d’un ancien monde à un nouveau monde était portée par une personnalité, mais le clan en dessous n’a pas tenu », observe Richard Robert.