Dans les colonnes du Parisien ce week-end, François Bayrou a tenté un ultime coup de pression sur Emmanuel Macron au sujet du scrutin proportionnel intégral. Le maire de Pau a adressé jeudi un courrier au chef de l’État pour demander son introduction avant 2022. Son objectif: qu’aux prochaines élections législatives, l’hémicycle de l’Assemblée nationale puisse refléter plus fidèlement les poids respectifs des forces politiques en France. Derrière ce but louable d’un point de vue démocratique, il y a des enjeux tactiques qui touchent à la fois son propre parti, le MoDem, et sa relation avec LaREM, son principal allié depuis la présidentielle de 2017. D’autres formations, comme le Rassemblement national ou Europe Écologie-Les Verts, défendent également l’instauration de la proportionnelle.

Comme souvent en politique, ce débat part d’un accord, celui noué entre Emmanuel Macron et François Bayrou lorsque ce dernier, en février 2017, a pris la décision de s’allier au jeune candidat plutôt que de briguer l’Elysée une quatrième fois. Au cœur de cet accord, il y avait l’engagement à introduire la proportionnelle « de manière dosée », afin de « refléter le pluralisme de notre vie politique ». C’est du moins l’addendum programmatique que l’ex-ministre de François Hollande a sorti de son chapeau à l’époque.

Concernant François Bayrou, il s’agit là d’un cheval de bataille depuis qu’il s’est éloigné de la droite chiraquienne il y a 20 ans. Isolé et dépouillé d’une partie de ses troupes par l’UMP, le leader centriste a vu en la représentation proportionnelle le seul moyen de son autonomie et, in fine, de sa survie politique. L’émergence d’Emmanuel Macron lui a permis, de manière inespérée, de sécuriser des circonscriptions aux législatives de 2017 et, malgré le scrutin majoritaire, d’exister au Parlement. À l’heure actuelle, le groupe MoDem compte 58 membres.

Dès le printemps 2018 néanmoins, la machine s’est grippée. Dans la réforme institutionnelle présentée par le Premier ministre Édouard Philippe, la dose de proportionnelle était beaucoup plus modeste qu’escomptée. À savoir, 15% des sièges de l’Assemblée nationale élus via ce mode de scrutin plutôt que les 25% souhaités par François Bayrou. Lequel a rappelé à l’ordre le chef de l’État en dénonçant « un tour de passe-passe » sur BFMTV.

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