Acte 1 : le confinement a aggravé l’état d’un tissu économique déjà en souffrance. Pendant cette période, le Sénat a porté auprès du Gouvernement la voix des indépendants, des commerçants, artisans et chefs d’entreprises, afin que toutes les mesures soient prises pour les sauver d’une faillite certaine. Le Gouvernement a répondu par une série de dispositifs, filière par filière, qui a permis de maintenir à flot notre économie lourdement impactée par la crise sanitaire.
Acte 2 : le déconfinement a agi comme un mirage. Notre économie a repris quelques couleurs. Mais la solidarité collective face au virus s’est délitée. Or la Covid-19 est beaucoup plus grave que certains ont bien voulu le croire. Très contagieux, ce coronavirus touche toutes les générations, entraîne l’hospitalisation de nombreux patients, conduit bien trop d’entre eux en réanimation. Le Covid-long, les séquelles de la maladie, l’immunité collective qui n’est pas certaine puisque des cas de réinfection ont été constatés, suscitent craintes et interrogations. De ce point de vue, essentiel, le Gouvernement a fait preuve d’une grande impréparation dans l’organisation de la rentrée de septembre. De multiples prises de paroles se sont ajoutées, contradictoires, qui ont brouillé le message, allant jusqu’à nier la réalité du virus, laisser croire que masques ou gestes barrières étaient tout compte fait accessoires, et insinuer qu’ils constituaient une menace sans précédent pour nos libertés. A l’évidence, le Gouvernement a manqué d’un cap et d’autorité. Le coronavirus sévit un peu partout dans le monde et la crainte d’une deuxième vague de l’épidémie se profilait. Néanmoins, face à une situation inédite qui impose la modestie, le déconfinement pratiqué dans notre pays, abrupt et sans presque plus aucune contrainte, s’est avéré être un échec qui place notre système de santé au bord de la rupture et nous mène à l’Acte 3.
Acte 3 : le reconfinement est un retour à la case départ. Jeudi dans l’hémicycle, face à l’absence de concertation et à l’incohérence des annonces, le Sénat a refusé d’octroyer sa confiance au Gouvernement. Si des mesures drastiques pour protéger la santé des Français sont aujourd’hui inévitables et nécessaires, l’inégal traitement réservé aux différents acteurs de la vie économique de notre pays et de nos territoires suscite indignation et colère.
Pour cette raison, je suis solidaire des maires et des petits commerçants de notre département qui luttent pour la préservation de nos centres-villes et de nos centres-bourgs. Comment accepter que tous les rayons des supermarchés soient librement accessibles tandis que nos magasins de proximité ont baissé le rideau sur décret ministériel ? J’ai d’ailleurs cosigné avec 67 collègues sénateurs une tribune parue le jeudi 29 octobre dans Le Figaro qui porte les librairies au rang des commerces de première nécessité, ce qu’elles sont.
Plus encore, nous avons voté hier au Sénat un amendement de la commission des lois pour permettre l’ouverture des petits commerces sous contrôle du respect des mesures sanitaires et de la règle d’une heure de sortie quotidienne par les services du préfet. Cet amendement a ensuite été rejeté par l’Assemblée nationale sur avis défavorable du Gouvernement. Le projet de loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire reviendra en seconde lecture dans l’hémicycle la semaine prochaine.
Cette initiative a pour but de faire réagir le Gouvernement. Soit les petits commerces sont autorisés à réouvrir soit les grandes chaînes ou rayonnages spécifiques sont fermés au public, mais le statu quo n’est pas acceptable. De premières décisions sont enfin prises.
D’une manière générale, dans la mesure où les droits des Français sont mis en cause en cette période difficile, le Sénat défend un contrôle renforcé par le Parlement des pouvoirs du Gouvernement.
Il nous faut combattre le virus avec le plus grand sens de la responsabilité individuelle et de la solidarité collective dans l’objectif de préserver notre système de soins. Chacun doit réaliser l’extrême tension qui pèse sur nos hôpitaux, l’épuisement des professionnels de santé, leur inquiétude face à la gravité de la maladie. Et à la fois nous devons faire preuve de justice et d’équité à l’égard de tous ceux qui contribuent à notre économie locale.