La lutte contre le coronavirus a poussé lundi Emmanuel Macron à modifier son agenda de la semaine pour « se concentrer » sur une crise qui chamboule les priorités de l’exécutif et l’oblige à se montrer très réactif. L’Elysée a annoncé que le chef de l’Etat n’effectuerait ni un déplacement sur le thème du patrimoine avec Stéphane Bern dans le Gers ni un autre sur le « séparatisme islamiste » prévu depuis plusieurs semaines. Il ne participera pas non plus au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) prévu mardi, qui a été reporté.
A la place, Emmanuel Macron va « se concentrer pleinement sur le suivi de la gestion de la crise », explique l’Elysée. « Il sera amené à effectuer plusieurs déplacements ou rendez-vous dans le courant de la semaine à la rencontre des personnels hospitaliers, de la population et des autorités sanitaires », précise la présidence sans donner le détail de ces visites. La crise, qui ne cesse d’enfler, modifie aussi l’agenda de tout le gouvernement, à l’instar du Premier ministre Edouard Philippe qui a passé deux heures dans un hôpital de Bordeaux lundi matin.
Il a expliqué que « l’objectif » du gouvernement était de « ralentir pour empêcher, ou au moins retarder, la libre circulation du virus sur le territoire qui marquerait l’arrivée dans la phase 3, c’est-à-dire l’épidémie proprement dite ». Pour l’exécutif, il s’agit de convaincre les Français qu’il ne sous-estime pas la crise comme cela avait été le cas lors de la canicule de 2003 ou, plus récemment, de l’incendie de l’usine de produits chimiques Lubrizol le 26 septembre à Rouen. « On tire les leçons de Lubrizol. La réponse avait été immédiate mais n’avait pas suffi », indique-t-on dans l’entourage du président.
« Le gouvernement et les autorités sanitaires doivent intégrer à leur communication la donnée fondamentale qu’est l’hyper-défiance non seulement verticale, mais aussi horizontale », c’est à dire au sein même de la population, souligne Chloé Morin, de la Fondation Jean Jaurès, dans une tribune au FigaroVox. C’est pour cela qu’Edouard Philippe a appelé à Bordeaux « chaque Français » à devenir « un acteur de cette lutte », en respectant quelques « mesures d’hygiène de bon sens » comme celle de se laver les mains toutes les heures au savon ». S’adapter et réagir rapidement sont devenus des mots d’ordre prioritaires pour l’exécutif. La visite d’Emmanuel Macron à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où est décédé le premier Français victime du coronavirus, a été décidée la veille au soir, tout comme la tenue samedi d’un conseil des ministres exceptionnel. Pour illustrer la mobilisation du gouvernement, l’Elysée a diffusé une photo des ministres réunis autour d’Emmanuel Macron pour un conseil de défense, une image rare qui rappelle celles des grandes crises militaires.
La France est devenue l’un des foyers aigus de la contamination en Europe avec 130 personnes atteintes par le virus depuis fin janvier, dont trois sont mortes.