Ce nouveau texte améliore celui de 2004. Il prévoit tout un arsenal pour lutter contre des propos illicites, haineux tenus en ligne. Il responsabilise les hébergeurs de contenus d’une certaine importance. YouTube, Facebook, Dailymotion, Twitter seront évidemment concernés, mais aussi le Monde et d’autres grands sites de presse en ligne, s’agissant des zones de commentaires. En cas de tels propos du genre sale Négresse, sale Pédé, sale Juif, Sale Bougnoule…(La liste est longue), d’apologie de crime contre l’humanité, de messages à caractère terroriste, pédopornographiques…, les plateformes concernées auront à supprimer les messages dans les 24 heures d’une dénonciation. Elles devront, donc, savoir faire une sélection fine entre les mauvaises blagues de beaufs et les vraies infractions, les vrais discours de haine. Seuls devront être traités dans ce court laps de temps, les messages « manifestement » haineux ou injurieux. Les autres, celles de la « zone grise », ceux qui sont donc limites, continueront à devoir l’être « promptement », nuance… après un examen plus approfondi avec appel possible à un juge.
toutes les plateformes, dite importante selon le nombre d’utilisateurs – 2 millions ?- devront en outre adopter un « dispositif de signalement facilement accessible et uniformisé ». Ce bouton d’alerte permettra de dénoncer en langue française un tweet ou un commentaire directement dans les mains de la plateforme.
La classe politique est, bien sûr pour la fin ou l’atténuation notoire de la cyberhaine. Cependant l’opposition ne devrait pas voter le texte le 9 juillet, considérant néfaste de donner trop de pouvoir aux plateformes qui décideront seules les propos qu’elles suppriment, l’absence de juges et la possibilité de censure sur les réseaux.
Dans l’interview exclusive que Laetitia Avia, elle qui subit 200 à 300 propos haineux, racistes, inadmissibles par jour, nous explique avec conviction sa loi et veut rassurer ses détracteurs. Elle rappelle que l’objectif n’est pas de faire une proposition de loi contre les plates-formes, mais avec les plates-formes, et pour les internautes. Elle rappelle aussi que l’École doit continuer d’éduquer et de lutter contre ces discours dès l’école élémentaire et qu’il ne s’agit pas de censurer la parole publique et politique.
Journaliste monteur : Dominique Gaye – Images : Ashley Blirando