Comme tous les matins, ce jeudi 20 juin, à 8 h 37 précises, à la caserne de la CRS* 43de Chalon (71), le commandant Sébastien Pelletier supervise la lever des couleurs devant ses soixante hommes. La suite de la matinée s’annonce cependant plus mouvementée : libérer une usine de type Seveso occupée par ses ouvriers. Difficulté : le seul accès est la Saône.
À 9 h 15, les CRS sont briffés sur leur mission par l’officier commandant : ils doivent se rendre à l’APROPORT, le port industriel de Chalon-sur-Saône où une trentaine de manifestants occupent leur usine étiquetée sensible… Les voies routières étant complément inaccessibles, la CRS 43 doit impérativement y accéder par la voie fluviale, une première pour nos gardes républicains chalonnais
11 h, une fois les 4 sections arrivées sur le site occupé, elles se heurtent à un blocus organisé par les manifestants : barrière, bidons, palettes se chevauchent les unes sur les autres, empêchant l’entrée de l’usine. Les manifestants narguent les forces de l’ordre. Leurs harangues habituelles sont rythmées par des percussions sur des bidons et des cris. Le temps d’observation et d’intimidation commence… Les ouvriers refusent de quitter leur usine et de lever leurs barricades. Le commandant Pelletier donne alors l’ordre d’attaque et de libération du site industriel.
La première charge est repoussée… mais les forces de l’Ordre plus nombreuses, mieux équipées et mieux entraînés contre-attaquent et pénètrent dans l’usine. Les manifestants fuient alors puis se réorganisent. Pris à revers par une section et ainsi piégés, les manifestants finalement se rendent vers 11h30. Aucun blessé n’est à déplorer. Deux interpellations ont eu lieu dont celle du leader du mouvement. La stratégie de la CRS 43 a donc été efficace.
Exercice réussi !
Ce n’était, il faut maintenant le préciser, qu’un exercice. En effet, chaque année, 3 périodes d’entraînement sont organisées pour les CRS. Les Compagnies républicaines de Sécurité (CRS) ont pour caractéristiques la mobilité et la disponibilité. Les CRS de Chalon-sur-Saône sont, ainsi, en déplacement environ 230 jours par an.
Les figurants manifestants sont de la CRS 44 de Joigny. Ils se sont très bien adaptés à leur nouveau rôle : manifester, exciter, chercher le contact… Nos policiers chalonnais ne se doutaient pas du comportement qu’allait adopter la CRS 44 durant l’exercice. Les incidents provoqués n’étaient pas connus des forces d’intervention. Aucune stratégie d’attaque n’avait donc été prévue au préalable. Les CRS suivaient essentiellement les ordres du commandant Pelletier et de leurs officiers et ont pu perfectionner leur capacité d’adaptabilité.
Des officiels de Paris, de la préfecture de Saône-et-Loire, du cabinet du Maire étaient présents pour observer et évaluer les troupes.
160 personnes au total ont été mobilisées pour cet exercice dont les officiers sont satisfaits :
« L’exercice a été très productif malgré les conditions particulières, sur ce site sensible. Le transport nautique est quelque chose que l’on possède, il est intéressant de le mettre en œuvre. Les difficultés rencontrées étaient avant tout la difficulté pour le débarquement avec l’équipement assez lourd » affirme le commandant Olie, direction centrale des CRS, bureau de la prospective et de la réflexion tactique, service rattaché au ministère intérieur.
« C’est une première pour nous ! Sans panique, la troupe a été bien entraînée. Les gars ont bien réagi, les consignes ont été respectées. Bon exercice. L’ensemble est positif ! », ajoute le lieutenant Biaggioni.
*CRS : Compagnie Républicaine de Sécurité, intervenant dans les manifestations, mais aussi dans la protection civile. Les CRS sont encadrés par 3 officiers le commandant Pelletier, qui dirige l’unité le capitaine Ramel et le lieutenant Biaggioni). La CRS comporte aussi t 6 maîtres-nageurs.