Contexte tendu, allocution attendue. Mardi, pour les troisièmes vœux de son quinquennat – les deuxièmes en pleine crise sociale et les premiers de l’acte II -, Emmanuel Macron est une nouvelle fois apparu debout, dans le salon des Ambassadeurs de l’Élysée. Durant son intervention, qui a duré 18 minutes, le chef de l’État est revenu sur les événements qui ont marqué l’année passée: le grand débat, l’incendie de Notre-Dame, le décès de Jacques Chirac, l’attentat à la Préfecture de police… Mais il a également tracé des perspectives pour l’année – et la décennie – à venir.

Sans surprise, il a évoqué tour à tour la place de l’écologie, l’mportance de l’Europe, l’approche des municipales… Et le communautarisme: il a promis qu’il «prendrait de nouvelles décisions dans les prochaines semaines» pour «lutter avec détermination contre les forces qui minent l’unité de la nation». Sans jamais évoquer la grève des transports qui s’est poursuivie durant les fêtes, le président s’est engagé à ce que la réforme des retraites soit «menée à son terme». N’en déplaise à ceux qui, dans l’opposition comme chez les syndicats, réclament le retrait pur et simple du projet. «Je ne céderai rien au pessimisme ou à l’immobilisme (…), car il y a trop à faire», a-t-il prévenu. «(Mais) ne vous y trompez pas: j’entends sur ce sujet si important, qui tient au cœur même de l’identité française, les peurs, les angoisses qui se font jour. (…) C’est pourquoi, pour vous, avec les organisations syndicales et patronales qui le veulent, j’attends du gouvernement d’Édouard Philippe qu’il trouve la voie d’un compromis rapide dans le respect des principes (d’équité, d’universalité et de responsabilité) que je viens de rappeler», a-t-il précisé dans la foulée, alors que les négociations avec les partenaires sociaux doivent reprendre le 7 janvier prochain. «Une injonction un peu gentille au premier ministre», dans la pure tradition des institutions de la Ve République, comme ironise le politologue du Cevipof Bruno Cautrès.

Aurélien Pradié, le secrétaire général des Républicains, y voit plutôt une marque de «suffisance (…) qui se résume dans la sécheresse du ton à l’égard de son premier ministre». Le député résume à sa manière l’intervention présidentielle: «Emmanuel Macron plane, et, pour les basses besognes concrètes, c’est Philippe.»«Personne n’est dupe. Le seul et l’unique responsable de cette réforme, c’est le chef de l’État», tranche Franck Louvrier, l’ex-conseiller en communication de Nicolas Sarkozy.

Qu’importe que le président renvoie vers Matignon, l’opposition, elle, ne change pas de cible. Jean-Luc Mélenchon allant jusqu’à qualifier les mots d’Emmanuel Macron de «déclaration de guerre aux millions de Français qui refusent sa réforme». «Macron a décidé les yeux dans les yeux d’entamer un long bras de fer avec les Français», abonde le député PS Luc Carvounas. Seule Marine Le Pen opte pour le dédain: «Une fois de plus… rien», a-t-elle simplement écrit sur Twitter.

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