« M. Macron, vous n’avez pas fini d’avoir des ennuis avec moi. » Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a averti samedi 12 septembre son homologue français, Emmanuel Macron, alors que la tension monte entre les deux pays à propos de la situation en Méditerranée orientale. « Ne cherchez pas querelle au peuple turc, ne cherchez pas querelle à la Turquie », a lancé M. Erdogan lors d’un discours télévisé, à Istanbul, en référence aux sévères critiques émises par le président français envers Ankara dans le cadre du conflit entre la Turquie et la Grèce à propos de la prospection pétrolière en Méditerranée.

La Turquie revendique le droit d’exploiter des gisements d’hydrocarbures dans une zone maritime qu’Athènes estime relever de sa souveraineté. Ces dernières semaines, les deux pays ont montré leurs muscles à coups de déclarations martiales, de manœuvres militaires et d’envois de navires sur zone. La France a clairement affiché son soutien à la Grèce en déployant des navires de guerre et des avions de combat dans la région, une initiative vivement dénoncée par le président turc.

Emmanuel Macron et ses six homologues du sud de l’Union européenne (UE) ont exhorté jeudi la Turquie à cesser sa politique de « confrontation » en Méditerranée orientale et l’ont menacée de sanctions européennes si Ankara continue à contester les droits d’exploration gazière de la Grèce et de Chypre dans la zone. M. Macron avait aussi estimé que le gouvernement turc « avait aujourd’hui des comportements inadmissibles » et devait « clarifier ses intentions ».En réponse, M. Erdogan a exhorté samedi la Grèce à « se tenir à l’écart » des actions « erronées » soutenues par des pays comme la France. Le président turc a aussi accusé M. Macron de « manquer de connaissances historiques » et a estimé que la France « ne pouvait pas donner de leçon d’humanité » à la Turquie en raison de son passé colonial en Algérie et de son rôle dans le génocide perpétré en 1994 au Rwanda.

De son côté, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé samedi un « important » programme d’achat d’armes et une réorganisation des forces armées du pays. Il a précisé que la Grèce allait se procurer 18 chasseurs Rafale, de fabrication française, ainsi que des frégates et des hélicoptères, recruter 15 000 soldats supplémentaires et financer davantage son industrie de défense. « L’heure est venue de renforcer nos forces armées (…). Il s’agit d’un programme important qui formera un bouclier national », a déclaré le premier ministre lors d’un discours prononcé à Thessalonique, pendant lequel il a accusé la Turquie de « mettre en péril » la sécurité régionale.

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